Qu'est-ce que l'association France active et quels sont ses objectifs ?
- France active est née en 1988 avec l'appui de la Fondation de France, la Caisse des dépôts et consignations, la Fondation Macif et d'associations caritatives. Son objectif est d'aider les personnes en situation précaire à retrouver un travail de façon durable. Nous partons du principe que « l'inemployabilité » n'existe pas et que tout un chacun peut trouver sa place dans l'économie « normale ». L'association apporte son soutien principalement à ceux qui veulent créer leur propre emploi, mais également aux entreprises d'insertion, par deux moyens. D'une part, un réseau, reliant associations, collectivités locales, entreprises et banques, recueille les projets dans nos 30 « fonds territoriaux » (2), puis les envoie sur France active. En second lieu, nous aidons les porteurs de projets à obtenir des financements auprès des banques classiques - nous ne voulons surtout pas créer un monde bancaire réservé aux exclus
- grâce à plusieurs outils : garanties aux prêts bancaires ou alors investissements directs dans l'entreprise à l'aide d'une société de capital-risque, d'un fonds commun de placement éthique et solidaire ou de contrats d'apport aux associations.
Quel bilan tirez-vous de votre activité depuis 1988 ?
- Nous estimons que nous avons participé à la création ou à la consolidation de 25 000 emplois. Nous avons financé 8 000 entreprises, dont 75 % de micro-entreprises individuelles, particulièrement dans les secteurs du petit commerce, des services aux personnes, de la restauration. Les structures collectives
- entreprises ou associations d'insertion
- que nous aidons se situent, elles, plutôt dans les secteurs de l'agriculture-sylviculture, le recyclage des déchets.
Comment sélectionnez-vous les projets que vous financez ?
- En 1999, 5 600 personnes nous ont présenté leur projet. Nous en avons financé 700. Les autres créateurs ont été orientés vers des structures plus à même de les aider à mieux finaliser leur dossier. S'ils ont souvent une idée intéressante pour créer leur emploi, ils n'ont pas toujours su réfléchir à la clientèle visée, à l'approvisionnement, par exemple. De plus, ils n'envisagent pas une rentabilité suffisante, prévoient de se rémunérer trop faiblement, en dessous des minima sociaux. La fragilité de la structure de financement est très courante, également. Environ deux tiers des créateurs sont des chômeurs de longue durée dont l'apport personnel est limité à 5 000 F pour des investissements de 130 000 F à 150 000 F. Or si nous apportons, par exemple, 40 000 F de fonds propres, la personne aura plus de facilité à obtenir un crédit bancaire, puis à surmonter les retards de livraisons et les problèmes de trésorerie, qui fragilisent beaucoup les entreprises pendant la première année. Au bout de cinq ans d'existence, celles que nous avons aidées de la sorte connaissent un taux d'échec de 20 %, largement inférieur à la moyenne nationale (50%).
Dans quel sens allez-vous faire évoluer votre activité ?
- Pour répondre aux besoins des micro-entreprises, nous allons développer nos investissements en fonds propres. Nos principaux bailleurs, que sont la Caisse des dépôts et consignations et le Fonds social européen, ainsi que des grandes entreprises, nous permettront d'augmenter notre capitalisation. Par ailleurs, nous allons développer notre soutien aux structures collectives, qu'elles soient associatives ou commerciales, car elles constituent un champ important d'intervention, et créent des emplois plus nombreux.
Propos recueillis par Paule Dandoy
(1) France active : 37, rue Bergère - 75009 Paris - Tél. 01 53 24 26 26.
(2) Fonds territoriaux : coordonnées disponibles sur le site Internet : http//