Polémique autour du colloque sur la prostitution

Comme nous l'avions indiqué (1), c'est le 16 mai qu'une dizaine d'associations organisaient un colloque sur la prostitution à l'initiative de la Fondation Scelles. Un sujet particulièrement délicat et passionnel, au carrefour de considérations sociales, sanitaires et militantes, comme le met en évidence la polémique suscitée par cette manifestation. Laquelle d'ailleurs a été fortement perturbée par plusieurs associations, dont Act Up, Aides-IDF ou le « Bus des femmes ».

C'est d'abord l'intitulé même du colloque qui, en assimilant les personnes prostituées au «  peuple de l'abîme », provoque de nombreuses réactions. «  Ces termes renforcent et stigmatisent des hommes et des femmes en très grande difficulté que nous retrouvons nuit et jour dans les services ou sur les lieux de prostitution. Ils ne respectent pas la dignité à laquelle a droit tout homme et toute femme », s'insurge l'Amicale du nid (2). Laquelle précise, contrairement à ce qu'indiquent les organisateurs, ne pas faire partie de la liste des associations participantes. De même, la Fédération nationale des associations d'accueil et de réinsertion sociale (3) juge le ton employé « trop exclusivement victimisant et moralisant ». Mais au-delà du vocabulaire, les deux organisations font état de divergences de conceptions sur le phénomène et les modes d'action auprès des personnes prostituées.

Enfin, se situant dans une perspective d'actions de santé communautaire menées avec les personnes prostituées, plusieurs associations (4) dénoncent « la vision abolitionniste et misérabiliste de la prostitution » véhiculée par ce colloque. Lequel « inflige au nom de la dignité et des droits humains une nouvelle violence aux personnes prostituées en opposition flagrante au droit fondamental pour toute personne de disposer librement de son corps et de sa force de travail ».