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Le regard des centres sociaux sur l'aide à la fonction parentale

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Alors que les initiatives de soutien à la fonction parentale se multiplient, quelles actions les centres sociaux ont-ils mises en place dans ce domaine ? Quels sont les objectifs et les questionnements de leurs personnels dans leurs relations avec les parents ? Quels sont leurs discours et leurs pratiques en la matière ?... C'est à toutes ces interrogations qu'une recherche-action, menée en 1999 à l'initiative de la Fédération des centres sociaux et socio-culturels de France (FCSF), tente de répondre (1).

De l'instauration de groupes de parole à l'organisation de vacances familiales, en passant par la création de lieux d'accueil parents- enfants ou le soutien aux initiatives parentales collectives... La diversité des actions élaborées par les centres sociaux pour traiter la question de la fonction parentale est liée à « la dimension généraliste de l'équipement », soulignent les auteurs, Florence Ovaere, Lucie Melas et Anne Sauvayre .Au-delà de cette variété, cependant, c'est un discours unanime que l'on entend : l'origine des difficultés auxquelles se heurtent les parents dans leur rôle éducatif n'est pas à rechercher dans une éventuelle « démission », il convient plutôt de recourir à « des explications d'ordre sociologique » (pauvreté et précarité, chômage, isolement...).

Le style « donneur de leçons » proscrit

Autre constante, les professionnels des centres sociaux affichent leur choix d'une posture de « non-jugement » et de soutien. « Le style “prof”, “donneur de leçons”, est proscrit », note l'étude. Il ne s'agit plus d'imposer, mais de redonner confiance, d'accompagner, de révéler, de valoriser les compétences parentales... et les compétences tout court - car nombreux sont ceux qui pointent le danger de réduire les adultes à leur rôle parental. Ces objectifs, pourtant, suscitent de multiples interrogations. En effet, insistent les auteurs, la posture de soutien apparaît fréquemment « comme un blason, un discours brandi juste avant d'entrer dans le détail pour expliquer que dans la pratique on ne sait pas très bien comment faire... et que le travail sur la fonction parentale a posé aujourd'hui plus de questions qu'il n'a apporté de réponses ».

Ainsi, les professionnels s'interrogent sur la bonne distance à tenir dans la relation avec les parents. Face à la peur de s´immiscer dans la famille, ils voient souvent dans le « renoncement » une qualité fondamentale des intervenants de ce type d'actions  : « Renoncement à être des représentants du savoir, mais aussi renoncement à être repérés comme des professionnels  », constatent les chercheuses. Ainsi, le conseil, le diagnostic, le contrôle social, jugés trop directifs ou interventionnistes, sont rejetés : il s'agit « d'assumer autrement la professionnalité ». Certains, par exemple, mettent en avant leur propre situation de parent. Au risque d'effets pervers  : « Faudrait-il être parent pour pouvoir travailler avec les parents ? », ironisent les responsables de l'étude. Lesquelles craignent la confusion entre expérience personnelle et compétences professionnelles.

Les stéréotypes sur la sellette

Le document se révèle particulièrement percutant - et dérangeant ? - sur les représentations, sexuelles ou culturelles, qui sous-tendent l'élaboration des actions. La présence presque marginale des pères dans ces dernières, par exemple, n'est pas étrangère aux images mentales des professionnels, qui souvent la « freinent ». « Si l'on estime que la petite enfance reste du domaine de la mère, on ne cherchera pas à travailler avec les pères, dont on soulignera par ailleurs l'absence. Les professionnels vont considérer qu'il est “normal” d'avoir une faible présence masculine et il serait alors vain de tenter de la développer, on ne peut aller contre la “nature” des choses », affirment les auteurs. La parole, également, apparaît de l'ordre du féminin. Un présupposé qui sert parfois commodément à justifier une faible assiduité masculine dans les groupes ad hoc, alors que, peut-être, les horaires de rencontre ne favorisent pas la participation des personnes qui travaillent...

« Nous sommes étonnées de la prégnance de la dimension culturelle dans les esprits et de la fonction de limitation de l'action que cela joue », ajoutent les chercheuses. Lesquelles constatent qu' « hommes et femmes immigrés sont décrits à travers des figures extrêmement stéréotypées, globalisantes  ». Les pères maghrébins, ainsi, sont « désorientés, délégitimés, déstabilisés par les mutations sociales », les mères sont réduites à l'éternel « dilemme entre perpétuation d'une tradition qu'elles subiraient sans rémission et adoption d'une modernité émancipatrice ». Une vision simpliste... et rassurante pour les professionnels, puisqu'elle permet de faire l'économie d'une interrogation sur les pratiques. « Considérer l'appartenance culturelle comme une source de difficulté en soi, voire de déviance, fait peser l'essentiel de sa propre incertitude sur l'autre. [...]L'autre est en difficulté parce qu'il appartient à une autre culture », pointe cette étude sans complaisance.  C.G.

Notes

(1)  Les centres sociaux, l'action sociale et la fonction parentale : entre renouveau et héritage - Florence Ovaere Consultant - Disp. à la FCSF : 10, rue Montcalm - BP 379 - 75869 Paris cedex 18 - Tél. 01 53 09 96 16 - 80 F.

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