Ce qui nous relie

 Comment raccommoder le lien social ? A cette question complexe, cet ouvrage collectif, qui réunit une vingtaine de sociologues, apporte une réponse kaléidoscopique. Ses auteurs explorent les pistes sur lesquelles se sont engagés travailleurs et organismes sociaux, bénévoles, etc., pour remédier à la défaillance des formes ordinaires de liaison. Ainsi, l'une des contributions analyse l'engagement auprès des publics très marginalisés. « Que signifie cet investissement qui se focalise sur la seule relation entre intervenants et “personnes en souffrance” lorsque, pour seules ressources en matière de solidarité, les professionnels ou les bénévoles n'ont pratiquement que leur corps, leurs réflexions et leurs histoires propres ? », s'interrogent Bertrand Ravon, Pascale Pichon, Spyros Franguiadakis et Christian Laval. Ce dernier étudie également le contexte nouveau dans lequel se situe l'intervention sociale, un contexte de « substantialisation de la souffrance sociale qui, pour ainsi dire, refuserait de disparaître dans le tabernacle privatif de la relation d'aide », note-t-il. Autre champ examiné, celui de la finance solidaire, « dont l'originalité consiste à favoriser l'insertion sociale des personnes marginalisées en s'appuyant sur des relations de dettes », relève Isabelle Guérin. Ne circonscrivant pas son étude aux expériences mettant en scène le travail social, l'ouvrage emprunte quelques chemins de traverse. Vers les systèmes d'échanges locaux, par exemple, dans lesquels, pointe David Vallat, « l'entrelacs des dettes et des créances fait lien ». L'ensemble constitue, au final, une somme très riche - plus de 350 pages -, dont on peut simplement regretter qu'elle sacrifie, en quelques endroits, au jargon sociologique. C.G. Ce qui nous relie - Coordonné par André Micoud et Michel Peroni - Editions de l'aube - 200 F.