Au cours de ces rencontres, quel bilan allez-vous tirer de votre activité ?
- Aujourd'hui en France, plus de 135 régies sont implantées dans les quartiers HLM. Elles font travailler environ 7 000 personnes par an, ce qui correspond à 3 000 emplois équivalent temps plein. On estime que nos structures ont une capacité d'autofinancement de 70 %. Leur activité centrale reste l'amélioration du cadre de vie, la petite maintenance et les services de proximité, tels que l'accueil et l'accompagnement des nouveaux habitants, la location de vélos, etc., qu'elles proposent seules ou avec des partenaires locaux (café associatif). Mais elles développent de plus en plus les services de médiation, comme les correspondants de nuit, de proximité ou de parking, qui entretiennent les liens dans le quartier. Le correspondant de nuit, par exemple, travaille de 18 h à 2 h du matin : il change les ampoules, guide un médecin de nuit perdu dans le quartier, ou accueille les services sociaux.
Quelles sont les perspectives des régies de quartier ?
- Une vingtaine de projets sont en cours et nous recevons des sollicitations de nombreux autres quartiers. Car la reprise économique ne va pas transformer l'habitat ni le tissu social tout de suite. Il existe encore des besoins non satisfaits. Le partenariat urbain entre bailleurs, villes et habitants va continuer à se développer.
Que pensez-vous de la création d'un secrétariat d'Etat à l'économie solidaire ?
- Nous nous réjouissons que l'Etat reconnaisse officiellement l'économie solidaire, à laquelle appartiennent les régies de quartier. En effet, notre activité économique répond à des besoins collectifs, sans recherche du profit, avec une volonté d'insertion des personnes en difficulté. Nous attendons de Guy Hascoët un soutien, une impulsion. Nous souhaitons particulièrement qu'il fasse avancer le dossier des commandes publiques. Nous avons besoin pour cela d'un cadre législatif qui définisse les modalités d'accès des régies de quartier à ces marchés publics, en tenant compte de leurs spécificités et de leur utilité sociale (2). D'ailleurs, je rappelle que nous ne sommes pas concurrentiels avec les autres entreprises : par exemple, les femmes de ménage de nos régies ne travaillent pas dans un but marchand. La finalité de notre activité économique, je le répète, c'est la gestion partagée entre partenaires de la ville, d'une part, l'insertion sociale, d'autre part.
Que répondez-vous à ceux qui craignent que l'économie solidaire soit un « sous-secteur » réservé aux plus démunis ?
- Certes, grâce à nous, les plus démunis, dépourvus de compétences techniques, se voient reconnaître des compétences sociales. Mais comme nous l'avons maintes fois répété, notre objectif n'est pas qu'ils restent dans les régies. A terme, ils doivent intégrer le secteur marchand. Il n'existe pas d'opposition ni de dichotomie entre économie marchande et économie solidaire. Nous n'allons pas changer le monde ni la mondialisation, mais il y a une place pour une économie qui possède une autre finalité que le profit.
Propos recueillis par Paule Dandoy
(1) CNLRQ : 47/49, rue Sedaine - 75011 Paris - Tél. 01 48 05 67 58.
(2) Voir ASH n° 2151 du 28-01-00 et n° 2157 du 10-03-00.