Le remaniement ministériel annoncé, le 27 mars, par Lionel Jospin - le plus important depuis son arrivée à Matignon en 1997 - est marqué par le départ des ministres de l'Education nationale, Claude Allègre, de l'Economie, Claude Sautter (démissionnaire), de la Fonction publique, Emile Zuccarelli, et, enfin, de la Culture, Catherine Trautmann.
Deux « poids lourds » du parti socialiste font leur entrée dans le gouvernement : Laurent Fabius quitte la présidence de l'Assemblée nationale pour Bercy (Economie, Finances et Industrie) et Jack Lang, député du Loir-et-Cher, revient rue de Grenelle, en tant que ministre de l'Education nationale. Il sera épaulé par Jean-Luc Mélenchon, sénateur socialiste, nommé ministre délégué à l'enseignement professionnel.
Autre ancien ministre de François Mitterrand, Michel Sapin, chargé des questions économiques au PS, retrouve un portefeuille, celui de la Fonction publique et de la Réforme de l'Etat. Deux dossiers délicats l'attendent : les 35 heures, un mois après l'échec de son prédécesseur sur l'accord-cadre, et l'allongement de la durée de cotisations des fonctionnaires, préconisé la semaine dernière dans le cadre du plan sur les retraites (1). De même, Catherine Tasca, députée PS, récupère le ministère de la Culture. Celui de la Recherche échoit à Roger-Gérard Schwartzenberg (PRG).
Martine Aubry ( Emploi et Solidarité ) cède sa place de numéro 2 du gouvernement, dans l'ordre protocolaire, à Laurent Fabius. Mais son ministère sort renforcé du remaniement, puisqu'il accueille deux nouveaux venus, Ségolène Royal et Guy Hascoët (2).
La première, qui était chargée de l'enseignement scolaire auprès de Claude Allègre, devient ministre déléguée à la famille et à l'enfance. Elle devra, en particulier, remettre à plat les prestations d'accueil à la petite enfance et tenir la prochaine conférence annuelle sur la famille. Celle-ci fera le point, en juin, sur les structures de garde, les aides financières aux familles et les congés parentaux.
Quant à Guy Hascoët, député et porte-parole des Verts, vice-président du conseil régional du Nord-Pas-de-Calais, il est nommé secrétaire d'Etat à l'économie solidaire. Domaine que Guy Hascoët connaît bien, pour avoir lui-même présidé une association travaillant sur l'insertion sociale et économique. S'exprimant à l'Assemblée nationale, le lendemain de sa nomination, il a expliqué que son rôle consisterait à favoriser « l'émergence et la pérennisation » de nouveaux acteurs dans « l'innovation sociale, l'économie sociale et les partenariats sociaux ».
De son côté, Dominique Gillot est désormais secrétaire d'Etat à la santé et aux handicapés (et non plus à la santé et à l'action sociale). Un changement de dénomination qui consacre la volonté du gouvernement de faire avancer le dossier des handicapés, après le lancement, en janvier dernier, d'un plan triennal (3). Selon le ministère, Martine Aubry reprend directement à sa charge le dossier des personnes âgées et celui des exclus, jusqu'ici dévolus à Dominique Gillot. La ministre de l'Emploi et de la Solidarité a confirmé devant les députés, le 28 mars, son intention de mener rapidement à terme la réforme de la dépendance, révélée par Lionel Jospin quelques jours auparavant (4).
A noter que la réforme en cours de la direction de l'action sociale, qui reste sous la tutelle de Martine Aubry, ne sera pas affectée par la réorganisation du ministère.
Au total, avec Nicole Péry et Claude Bartolone, cinq ministres délégués ou secrétaires d'Etat sont sous l'autorité de Martine Aubry.
La nouvelle composition du gouvernement
Economie, Finances et Industrie - ministre : Laurent Fabius (PS) ; - secrétaire d'Etat chargé du commerce extérieur :François Huwart (PRG) ; - secrétaire d'Etat chargée du budget : Florence Parly (PS) ; -secrétaire d'Etat chargée des PME, du commerce, de l'artisanat et de la consommation : Marylise Lebranchu (PS) ; - secrétaire d'Etat chargé de l'industrie : Christian Pierret (PS).
Emploi et Solidarité - ministre : Martine Aubry (PS) ; - ministre déléguée à la famille et à l'enfance : Ségolène Royal (PS) ; -ministre délégué à la Ville :Claude Bartolone (PS) ; - secrétaire d'Etat à la santé et aux handicapés : Dominique Gillot (PS) ; - secrétaire d'Etat aux droits des femmes et à la formation professionnelle : Nicole Péry (PS) ; - secrétaire d'Etat à l'économie solidaire : Guy Hascoët (Verts).
Garde des Sceaux, ministre de la Justice : Elisabeth Guigou (PS).
Intérieur - ministre : Jean-Pierre Chevènement (MDC) ; -secrétaire d'Etat chargé de l'outre-mer :Jean-Jack Queyranne (PS).
Education nationale - ministre : Jack Lang (PS) ; - ministre délégué à l'enseignement professionnel : Jean-Luc Mélenchon (PS).
Affaires étrangères - ministre : Hubert Védrine (PS) ; - ministre délégué chargé des affaires européennes : Pierre Moscovici (PS) ; - ministre délégué à la coopération et à la francophonie : Charles Josselin (PS).
Défense - ministre : Alain Richard (PS) ; - secrétaire d'Etat à la défense chargé des anciens combattants : Jean-Pierre Masseret (PS).
Equipement, Transports et Logement - ministre : Jean-Claude Gayssot (PC) ; -secrétaire d'Etat au logement : Louis Besson (PS) ; - secrétaire d'Etat au tourisme : Michelle Demessine (PC).
Culture et Communication - ministre : Catherine Tasca (PS) ; - secrétaire d'Etat au patrimoine et à la décentralisation culturelle : Michel Duffour (PC).
Agriculture et Pêche, ministre : Jean Glavany (PS).
Aménagement du territoire et de l'environnement, ministre : Dominique Voynet (Verts).
Relations avec le Parlement, ministre : Daniel Vaillant (PS).
Fonction publique et Réforme de l'Etat, ministre : Michel Sapin (PS).
Jeunesse et Sports, ministre : Marie-George Buffet (PC).
Recherche, ministre :Roger-Gérard Schwartzenberg (PRG).
(1) Voir ASH n° 2159 du 24-03-00.
(2) Sur les réactions, voir ce numéro.
(3) Voir ASH n° 2151 du 28-01-00.
(4) Voir ASH n° 2159 du 24-03-00.