Pourquoi ce topo-guide ?
- Celui-ci remet à jour et complète très largement les données du Livre blanc de l'AEMO du secteur associatif paru... il y a dix ans ! Il réactualise le répertoire des associations, services et antennes pratiquant ce mode d'intervention et, à partir des textes législatifs et réglementaires existants et des informations recueillies auprès des acteurs de terrain, il donne une photographie très précise de ce champ d'activité. On apprend ainsi qu'en 1999, l´AEMO du secteur associatif a permis la prise en charge de 111 358 mineurs et a impliqué plus de 5 000 professionnels (travailleurs sociaux et personnels administratifs). Néanmoins, plus qu'un simple état des lieux, révélant des chiffres souvent inédits, ce document s'interroge également sur les enjeux qui entourent la fonction éducative, débat trop souvent étouffé actuellement. Et tente de faire valoir l'intérêt et la spécificité de l'AEMO du secteur associatif, notamment dans le cadre de l'harmonisation européenne.
Beaucoup s'inquiètent d'une judiciarisation des mesures éducatives. Quelle est votre analyse ?
- On pourrait même parler de sur-judiciarisation. C'est vrai que l'on constate une augmentation régulière des prises en charge par voie judiciaire. Au Cnaemo, nous pensons qu'il est fait trop intensément recours à ce type d'AEMO. Certaines difficultés liées à la fonction parentale sont susceptibles d'être traitées en amont et ne devraient pas faire l'objet d'une saisine du juge des enfants. Les difficultés dans l'exercice des fonctions parentales ne sont pas synonymes de dysfonctionnements de l'autorité parentale.
Quelle est la place aujourd'hui de l'AEMO administrative ?
- L'AEMO administrative est le complément de l'AEMO judiciaire. C'est l'autre entrée de l'AEMO, celle qui vise à l'étayage de la responsabilité parentale. Cette AEMO doit être centrée sur la notion d'aide demandée. Elle devrait s'inscrire dans une chaîne d'actions éducatives visant à soutenir la fonction parentale avec, comme premier maillon, la reconnaissance par les familles des difficultés éducatives. Par exemple, peut-on espérer, un jour, que l'usager dispose d'un accès libre à la prestation d'AEMO administrative sans devoir passer sous les fourches caudines des contrats tripartites ou par l'accord préalable de l'administration ? Il nous semble important en effet que la demande des parents, qui ont conscience des problèmes éducatifs qu'ils rencontrent, puisse fonder à elle seule ce type d'intervention.
Pensez-vous que la réforme de la loi de 1975 sur les institutions sociales et médico-sociales, qui régit en partie l'AEMO, est susceptible de donner une nouvelle légitimité à ce mode d'intervention ?
- Je l'espère, malgré les craintes que nous pouvons avoir que cette réforme soit surtout technique et fonctionnelle. Il faut qu'elle établisse les droits des personnes à être soutenues dans cette difficile fonction parentale. L'idée du Cnaemo serait d'inscrire l'AEMO administrative comme dépense obligatoire des départements, disposition qui viendrait garantir l'accès le plus large et le plus équitable pour tous. En effet, aujourd'hui, l'AEMO administrative est sous-utilisée et présente de fortes disparités interdépartementales, tant dans la forme (associative ou départementale) que dans la nature même des interventions.
Propos recueillis par Isabelle Sarazin
(1) Topo-Guide de l'action éducative en milieu ouvert du secteur associatif - Cnaemo : 172, rue Laurendeau - 80000 Amiens - Tél. 03 22 89 62 39 - 200 F.