Lors de la présentation des orientations générales du gouvernement sur les retraites (voir ci-dessous), le Premier ministre a annoncé, le 21 mars, son intention d'engager « une vaste réforme des modalités de prise en charge de la dépendance des personnes âgées, [qui sera] menée d'ici à la fin la législatur e » (2002).
A l'instar de Martine Aubry, qui s'exprimait quelques jours plus tôt devant le Conseil économique et social (1), Lionel Jospin a confirmé que la prestation spécifique dépendance était un « échec » : elle ne bénéficie qu'à une faible partie des personnes concernées (120 000 d'entre elles), son montant est insuffisant et elle est très inégalitaire d'un département à l'autre. L'ambition de la réforme sera donc d' « ouvrir à l'ensemble des personnes âgées dépendantes un droit objectif à une prestation dont le montant sera fonction des revenus et du niveau de dépendance de la personne ».
Surtout, pour la première fois, le Premier ministre a reconnu qu'il fallait « sortir d'une logique d'assistance ou d'aide sociale ». Soulignant que l'effort financier sera « important », il a ouvert la porte à un financement de la dépendance par l'Etat, aux côtés des acteurs déjà concernés, les départements et les caisses de sécurité sociale.
Concrètement, un projet de loi sera préparé, d'ici à la fin de l'année, par le ministère de l'Emploi et de la Solidarité, après que « les concertations nécessaires » auront été menées, notamment avec les départements, sur la base du rapport Sueur, dont les conclusions sont prévues pour bientôt. Mais la loi de modernisation sociale comprendra bien une première série de mesures, promises de longue date par le gouvernement (2), destinées à améliorer la formule actuelle de la prestation spécifique dépendance. Présente auprès de Lionel Jospin, la ministre de l'Emploi et de la Solidarité l'a confirmé.
Le Premier ministre a, en outre, annoncé un développement des services de soins infirmiers à domicile ainsi qu'un plan de médicalisation des établissements sur cinq ans, à hauteur de près de 1,5 milliards de francs par an pendant cinq ans, très attendu dans le secteur, afin que les personnes puissent « recevoir les soins adaptés à leurs besoins ».
Par ailleurs, et au-delà de la seule question de la dépendance, Lionel Jospin entend saisir le Conseil économique et social, afin que celui-ci examine la question de la place des retraités dans la société.
(1) Voir ASH n° 2158 du 17-03-00.
(2) Voir ASH n° 2144 du 3-12-99.