Deux heures pour débattre de la politique sociale du gouvernement. C'est le temps qu'a bien voulu consacrer Martine Aubry au Conseil économique et social (CES), le 14 mars, intervenant pour la première fois devant l'assemblée. « Votre présence ici est d'autant plus appréciée qu'elle n'a pas été, jusqu'à présent, envahissante », n'a pas manqué de relever Paulette Hoffman (FO), présidente de la section sociale du CES. Bien que représentative des acteurs économiques et sociaux, cette même instance avait peu apprécié de n'être consultée ni sur les 35 heures ni sur la couverture maladie universelle...
Au moment où le MEDEF et les syndicats (CGT, FO, CFDT, CFE-CGC, CFTC) s'engagent dans une vaste négociation portant sur la plupart des sujets sociaux (droit du travail, assurance chômage, retraite...) (1), la ministre de l'Emploi et de la Solidarité s'est appliquée à rappeler le rôle de l'Etat, l'articulation de la loi et de la négociation. Il est de la responsabilité de l'Etat, comme arbitre et régulateur, « de fixer le cadre général de l'ordre public social, des principes qui ne doivent pas souffrir d'exceptions : la durée légale du travail, le salaire minimum, l'hygiène et la sécurité... ». « Seule la loi est en mesure de garantir l'égal accès aux droits fondamentaux, les principes qui relèvent de l'intérêt général et qui fondent la cohésion sociale », a-t-elle ajouté.
Dans son panorama sur les défis sociaux actuels, notamment la prise en charge des personnes âgées, Martine Aubry a reconnu « l'échec » de la prestation spécifique dépendance. Rendre « réelle » la prise en charge de la dépendance est l'un de nos chantiers, a-t-elle indiqué. Enfin, la ministre a annoncé son intention de demander au Premier ministre de saisir le CES sur trois questions : les innovations dans le champ de l'économie sociale, le harcèlement moral et la parité dans les instances socio-économiques.
(1) Voir ASH n° 2153 du 11-02-00.