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Souffrance psychique des jeunes : le vide institutionnel

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« L'état de santé d'un nombre important de jeunes de 12 à 25 ans est préoccupant dans notre pays  », s'alarme le Haut Comité de la santé publique. Dans son rapport sur La souffrance psychique des adolescents et des jeunes adultes   (1), remis le 9 mars à Dominique Gillot, il revient ainsi sur les principaux indicateurs, déjà largement connus, de ce mal-être :dépressions, tentatives de suicide, violences subies et agies, accidents, et usage de substances psychoactives. « Face à ces souffrances, il faut constater l'existence d'un vide institutionnel dans notre système de santé et notre système social, vide qui est perceptible dès la fin de l'âge pédiatrique et qui ne prend fin qu'à l'âge adulte », conclut l'institution, se référant aux nombreuses études existant sur la question et aux expériences mises en place sur le terrain.

Les adultes de proximité

Comment alors mieux prendre en charge cette souffrance ?Outre une meilleure information en matière de santé, le Haut Comité insiste sur la valorisation du rôle «  des adultes de proximité  » (familles, enseignants, intervenants médico-sociaux). S'ils sont bien informés, «  leur seule parole peut désamorcer un début de malaise avant qu'il ne dégénère », note-t-il .Très sévère sur le suivi des enfants en difficulté en primaire, le Haut Comité propose d'instaurer un bilan de santé en fin de primaire et de renforcer le rôle des intervenants. Dans ce cycle, «  l'absence d'assistant social est regrettable », souligne-t-il, déplorant également le manque de coordination des professionnels de santé au collège et au lycée. Voire, plus généralement, l'absence de relais entre les parents, les soignants de l'Education nationale et le réseau d'action sanitaire et sociale de droit commun. Par ailleurs, favorable à la présence d'un psychologue scolaire dans les équipes scolaires, le rapport met l'accent sur le développement de réseaux d'écoute des familles.

Quelle psychiatrie pour les jeunes ?

L'une des grandes critiques du rapport porte également sur l'institution psychiatrique, responsable, pour partie, de l'intervention «  trop tardive  » et «  en urgence  » des psychologues, psychiatres, rééducateurs, professionnels de la protection judiciaire de la jeunesse. Celle-ci « doit s'organiser pour accueillir des adolescents », affirme-t-il. Car, dans de nombreux secteurs, «  les jeunes sont pris en charge soit en pédopsychiatrie où ils dérangent, soit dans les secteurs adultes où ils sont confrontés aux pathologies chroniques  ». A ce sujet, le Haut Comité déplore notamment que l'initiative de certaines régions de créer des antennes adolescents soit insuffisamment soutenue. C'est l'organisation même de la psychiatrie qu'il faut repenser, défendent ses membres, en particulier, afin d'articuler les services pour adolescents avec les autres institutions chargées de l'enfance. Ou pour faciliter l'intervention des professionnels de la psychiatrie hors de leurs institutions.

Développer des réponses adaptées suppose aussi d'intensifier le travail en réseau. Et le Haut Comité suggère que la médecine de ville, les établissements de santé et les secteurs médico-sociaux bénéficient d'une fusion partielle de leurs budgets pour les inciter à travailler ensemble. Il souhaite également une modification de la nomenclature des actes médicaux pour prendre en compte les actes de prévention, d'éducation à la santé et de coordination.

Enfin, certaines recherches doivent être menées. Le rapport invite ainsi à réaliser des enquêtes sur les situations de résilience afin de mieux comprendre pourquoi certains adolescents résistent à des situations pathologiques. Ou encore de lancer une étude de cohortes, de la petite enfance à l'âge de 25 ans, voire des investigations afin de mieux cerner la population des « décrocheurs scolaires ». Quant aux expériences à développer, le Haut Comité prône la création d'appartements d'accueil permettant aux jeunes de continuer leur scolarité avec l'aide d'éducateurs et d'enseignants « sans négliger tous les problèmes de santé ».

Notes

(1)  La souffrance psychique des adolescents et des jeunes adultes - Disp. sur demande écrite au Haut Comité de la santé publique : 8, avenue de Ségur - 75350 Paris 07 - Tél. 01 40 56 50 00.

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