Pourquoi ce syndicat ?
- Voilà maintenant 27 ans que la profession des éducateurs de jeunes enfants s'est vu attribuer un nouveau statut et qu'elle n'a toujours pas de réelle reconnaissance. Nous avons le sentiment d'être quelque peu délaissés. Il est temps de réagir pour éviter que les professionnels s'épuisent avant même d'être parvenus à se faire connaître et reconnaître. Il semblait donc indispensable de pouvoir nous regrouper et de nous faire entendre au sein d'un syndicat professionnel. Il s'agit de créer un mouvement capable d'unir les éducateurs de jeunes enfants qui exercent souvent de façon isolée. Il y va de la survie de la profession.
Quelles sont les difficultés de la profession ?
- Nous avons le sentiment que notre métier est très mal repéré au sein de la nébuleuse des intervenants de la petite enfance. Peu nombreux
- environ 12 000 -, nous avons parfois le sentiment d'être confondus avec les auxiliaires de puériculture ou les puéricultrices. De plus, nous avons du mal à nous imposer parmi les autres professionnels avec qui nous travaillons. Cela s'explique par le fait que nous sommes en général isolés : il n'y a souvent qu'un éducateur de jeunes enfants pour cinq auxiliaires de puériculture dans les crèches. Et, en dessous de 40 enfants, sa présence n'est même pas obligatoire.
Que demandez-vous ?
- Nous voulons faire évoluer l'image dévalorisante que les pouvoirs publics, mais aussi la société en général, portent sur notre métier. Nous sommes parfois encore considérés comme « payés pour jouer avec les enfants ». « Il n'y a pas besoin de faire des études pour s'occuper d'enfants », nous renvoient certains. La profession a pourtant fortement évolué depuis la redéfinition du métier de jardinière d'enfants en 1973. Nous sommes des travailleurs sociaux qualifiés, chargés de l'éducation des enfants de 0 à 7 ans et exerçant une action sociale, éducative et de formation dans de nombreuses structures : crèches, PMI, hôpitaux, foyers de l'enfance, action éducative en milieu ouvert, établissements de l'enfance inadaptée... Nous avons notamment un rôle de prévention auprès de l'enfant, puisque notre action au quotidien peut permettre d'éviter ou de limiter l'installation de troubles ou de carences. Et lorsque nous repérons des retards psychomoteurs ou des anomalies du comportement, nous pouvons l'orienter vers d'autres professionnels. Nous travaillons également avec les parents et, sans nous substituer à eux, nous sommes médiateurs, lors de la séparation d'avec leur enfant pour faciliter son adaptation dans la vie sociale. Enfin, nous exerçons au sein d'une équipe pluridisciplinaire et participons au projet pédagogique. C'est cette spécificité que nous voulons défendre, notamment dans le contexte actuel de précarité et de difficultés des relations parents-enfant.
Concrètement, quelles démarches a déjà engagé le syndicat ?
- Nous avons déjà adressé 400 courriers en Ile-de-France et en Provence-Alpes-Côte-d'Azur afin de faire connaître le syndicat auprès des professionnels. Et nous allons continuer dans les autres régions. Nous avons fixé notre première assemblée générale en janvier prochain. D'ici à un mois, nous allons contacter les différents ministères, les conseils généraux et les employeurs. Nous avons déjà reçu un très bon accueil de la part de la Fédération nationale des éducateurs de jeunes enfants qui espère que notre action l'aidera pour faire reconnaître le rôle de l'éducateur de jeunes enfants et faire évoluer la politique de la petite enfance.
Propos recueillis par Isabelle Sarazin
(1) Syndicat des éducateurs de jeunes enfants de France : 2, avenue Carnot - 94230 Cachan - Tél. 01 45 47 21 29 ou Internet