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Un rapport contesté préconise une réforme des aides versées aux étudiants

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Dans les universités françaises, près de la moitié des étudiants de troisième cycle sont des enfants de cadres supérieurs ou de professions libérales, alors que 6 % proviennent d'un milieu ouvrier. Comme Jean-Francis Dauriac, directeur du Centre régional des œuvres universitaires et scolaires (CROUS) de Créteil, le souligne dans un rapport commandé par le ministre de l'Education nationale, Claude Allègre, et présenté le 14 février aux syndicats et associations représentatives des étudiants, « c'est en fin de deuxième cycle et au début du troisième cycle que s'accroissent les inégalités entre les étudiants issus de milieux favorisés et les autres. Ce niveau correspond en effet bien souvent à la diminution, voire à l'interruption, de l'aide parentale, à la suppression des bourses et à un besoin croissant d'autonomie vis-à-vis de la famille, que ce soit par choix personnel ou pour des raisons d'orientation ou d'éloignement des lieux d'études. » Ainsi, la plupart des enfants des familles les plus modestes « n'ont d'autre choix que de limiter leurs ambitions à des études courtes (bac +2)  ».

Faciliter la décohabitation

Afin d'atténuer cette sélection par l'argent, Jean-Francis Dauriac appelle à une « politique ambitieuse et volontariste ». Première proposition, le recentrage vers les étudiants des deuxième et troisième cycles de l'allocation d'études instaurée à la rentrée 1999, dans le cadre du plan social étudiant (1). Le rapport estime, en effet, que cette mesure, visant à la fois, dans une « construction hybride », à répondre en urgence à des situations de précarité intervenant en cours d'année et à accompagner l'autonomie des étudiants, n'est « pas viable ». Il est vrai qu'à ce jour, seules 1 300 de ces allocations ont été distribuées sur les 7 000 prévues cette année, faute, semble-t-il, de critères d'attribution précis. Jean-Francis Dauriac préconise donc la création d'une allocation d'études de 20 000 F par an pour tous les étudiants de niveau bac + 3 ou 4 n'habitant plus chez leurs parents. Le rapport propose aussi la création d'un « revenu étudiant » pour les anciens boursiers qui parviennent à accéder au troisième cycle. Deux mesures auxquelles s'ajouterait une majoration de 25 % des bourses sur critères sociaux lors du passage au second cycle.

Prévenir la précarité en début de cursus

L'auteur n'oublie pas pour autant la prévention et l'accompagnement de la précarité dès le premier cycle. Celle qui, en particulier, atteint les nouveaux entrants exclus du droit aux bourses malgré de faibles ressources : la plupart des étudiants étrangers, les jeunes en situation de rupture familiale ou dont l'un des parents refuse de communiquer ses revenus. Ou encore celle des étudiants boursiers dont les parents ont des revenus mensuels inférieurs à 5 000 F et qui doivent se satisfaire d'une bourse équivalant à 1 600 F par mois. D'où la proposition d'une pluri-annualisation des bourses sur critères sociaux, qui éviterait l'interruption du versement en début d'année universitaire, alors que les dépenses sont les plus importantes. Autre suggestion, la création d'une bourse « joker » contingentée et gérée par les assistants de service social, pour les cas de grande précarité ne rentrant pas dans les critères actuels d'attribution. Il préconise, enfin, de « renforcer le dispositif des travailleurs sociaux par la création de véritables bureaux d'aide sociale aux étudiants  ».

Des chiffres contestés

Ces propositions ont reçu un accueil mitigé de la part du ministère de l'Education nationale, qui reproche à Jean-Francis Dauriac de ne se fonder « sur aucune étude statistique approfondie », par exemple lorsqu'il annonce le chiffre de 100 000 étudiants « vivant potentiellement en dessous du seuil de pauvreté ». Le ministère a d'ailleurs commandé à l'Observatoire de la vie étudiante une étude sur les revenus des étudiants et leur situation éventuelle de précarité. Ses résultats sont attendus d'ici à un ou deux mois.

Autre reproche adressé à l'auteur du rapport : il a outrepassé la mission qui lui avait été confiée, à savoir la rédaction d'un « rapport technique sur les conditions de la mise en place des allocations académiques d'études ». Des représentants du ministère et des étudiants examineront cependant certaines préconisations du directeur du CROUS de Créteil, notamment sur l'amélioration de l'information des étudiants sur les aides existantes, lors des prochaines réunions du comité de suivi du plan social étudiant, les 10 mars et 12 avril prochains.

Notes

(1)  Voir ASH n° 2114 du 9-04-99.

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