« Allons-nous vers le temps de la tolérance zéro, celui de la dérive sécuritaire soutenue par des discours stigmatisants sur la jeunesse des quartiers dits “sensibles”, là où chômage, précarité et exclusion font rage ? », s'interroge dans un texte commun un collectif de 14 organisations (1) qui veulent créer un espace de débat autour des réponses à apporter aux jeunes en difficulté. « Trois conseils de sécurité intérieure en deux ans ont élevé cette question au niveau d'une priorité nationale, faisant passer cette partie de la jeunesse au rang d'ennemi intérieur qu'il faudrait neutraliser... [...] Voudrait-on oublier, et nous faire oublier, que l'adolescence est une période sensible où tout se bouscule, où les jeunes interrogent constamment, parfois violemment, les parents, les proches, la société ? Ils deviennent les symptômes choisis aujourd'hui d'un système qui les exclut des droits fondamentaux sans leur laisser de place pour s'exprimer », analyse le collectif. « L'intolérance de la société à l'égard des jeunes en difficulté et des familles ne serait-elle pas proportionnelle au manque de réponse du politique sur l'avenir ? Alors le judiciaire est sollicité et sommé d'agir vite, de façon prévisible, par la répression, la contrainte, l'éloignement et l'enfermement au mépris du temps nécessaire pour prendre les mesures les mieux adaptées à chaque jeune. »
Pourtant, estiment les organisations, « nous ne cherchons pas à minimiser les réalités de la délinquance des mineurs mais à la ramener à ses justes proportions : 20 % de la délinquance globale. Il est beaucoup moins question des 80 %restants ». Cependant « une politique pénale, qui s'érige en politique d'exception, pénalise la pauvreté dans des périmètres géographiques définis, est indigne de notre République [...]. La question qui se pose aujourd'hui n'est pas : quelle répression, mais plutôt quelle politique éducative pour quelle prévention est-il possible de mettre en œuvre pour ces jeunes en difficulté, délinquants ou non, avec quel sens et quels objectifs ? L'état des lieux n'est guère réjouissant : on ne parle plus de politique de la ville, de politique de jeunesse, ni d'une politique de prévention cohérente. Qu'en est-il de l'état des PMI, de la médecine dans les écoles ? Qu'en est-il du recrutement et de la formation des professionnels travaillant en milieu ouvert ou en insertion [...] ? »
(1) Représentant des associations professionnelles et des syndicats du champ éducatif et judiciaire c/o SNPES PJJ-FSU : 54, rue de l'Arbre- Sec - 75001 Paris - Tél. 01 42 60 11 49.