A l'heure où la polémique sur les conditions de vie des détenus français bat son plein (voir ce numéro), l'ouvrage d'Isabelle Chauvin, juriste en droit médical, a le mérite de revenir sur l'organisation des soins en prison et sur les changements opérés par la loi du 18 janvier 1994 visant à « assurer aux détenus une qualité et une continuité de soins équivalentes à celles offertes à l'ensemble de la population ». Des changements, rappelons-le, majeurs puisqu'ils se sont traduits, notamment, par un transfert de la prise en charge médicale des détenus de l'administration pénitentiaire aux hôpitaux publics et par l'affiliation de tous les détenus, dès leur incarcération, au régime d'assurance maladie de la sécurité sociale. La qualité des soins s'est, depuis lors, certes améliorée mais beaucoup reste à faire, note l'auteur, qui tente de tirer un bilan de la réforme. Problèmes pointés : les soins dentaires, la distribution de médicaments en fin de semaine et les jours fériés dans les petits établissements, le respect du secret médical, mais aussi « un niveau de soins pas toujours à la mesure des besoins », l'hygiène générale, les difficultés d'organisation des extractions, l'expérimentation de la télémédecine, la question des parloirs intimes, l'usage de stupéfiants en prison... Quant aux évolutions à venir, elles dépendront de la politique carcérale des pouvoirs publics, mais aussi, rappelle l'auteur, de l'évolution des comportements et des mentalités sur le terrain, c'est-à-dire de la manière dont les personnels de surveillance et médicaux s'approprieront la réforme sur le long terme « en en faisant soit des enjeux de pouvoir, soit un outil de coopération ». A.F. La santé en prison. Les enjeux d'une véritable réforme de santé publique - Isabelle Chauvin - Ed. ESF - Collection Actions sociales/société - 119 F.
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La santé en prison
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