L'Ile-de-France dispose d'environ 20 800 postes (équivalents temps plein) de travailleurs sociaux correspondant aux métiers traditionnels du secteur. La profession d'assistant de service social est la plus représentée, avec 32 % des emplois, suivie par les éducateurs spécialisés (28 %), les éducateurs de jeunes enfants (16 %), les aides médico-psychologiques (11 %), les moniteurs-éducateurs (7 %), les conseillers en économie sociale familiale (3 %) et les éducateurs techniques et éducateurs techniques spécialisés (3 %).
Tels sont les résultats d'un état des lieux réalisé par le CREAI Ile-de-France (1), à la demande de la direction régionale des affaires sanitaires et sociales, dans l'optique de la réactualisation du schéma régional de formation des travailleurs sociaux. Il s'agit là de la première enquête exhaustive sur les professions sociales en région parisienne, dont on peut regretter qu'elle se soit limitée aux métiers « historiques » du travail social, sanctionnés par un titre délivré par le ministère de l'Emploi et de la Solidarité. Et qu'elle écarte, notamment, les emplois de l'animation et les travailleuses familiales.
Qui sont les employeurs ? La moitié des travailleurs sociaux - et parmi eux, une majorité d'éducateurs spécialisés et de moniteurs-éducateurs - exercent au sein d'établissements ou de services accueillant des personnes handicapées ou en difficulté sociale, fait également apparaître l'enquête. Au deuxième rang des employeurs, figurent les conseils généraux. Ils salarient 16 % de l'effectif régional, parmi lesquels deux tiers d'assistants de service social. Viennent ensuite les communes, avec 10 % de l'effectif, dont de nombreux éducateurs de jeunes enfants, et les établissements de santé, où interviennent 8 % des travailleurs sociaux. « Le secteur sanitaire est, après l'action sociale départementale, le secteur de prédilection des assistants de service social », souligne l'étude, puisque 22 % d'entre eux sont employés par un service social hospitalier. Un niveau de qualification inégal
Pour cette profession, les vacances de postes concernent, en premier lieu, la polyvalence de secteur et l'Education nationale. Pour les professions éducatives, les difficultés de recrutement affectent particulièrement les foyers pour adolescents en difficulté et les internats pour adultes handicapés. « Elles se traduisent davantage par l'embauche d'un personnel non qualifié que par des vacances effectives de postes », notent les auteurs.
Côté qualification, 70 % des personnels éducatifs, en moyenne, détiennent le diplôme correspondant au poste qu'ils occupent ou sont en cours de formation, mais plus d'un tiers des moniteurs-éducateurs ou des aides médico-psychologiques « ne peuvent justifier d'un niveau de qualification suffisant pour exercer leur fonction ». D'une façon générale, le taux de qualification du personnel éducatif se révèle plus important dans le secteur du handicap que dans celui de l'inadaptation. Le personnel exerçant auprès des enfants est, également, globalement plus qualifié que celui travaillant auprès d'adultes.
Un « débordement » du champ éducatif
L'enquête confirme aussi l'évolution des missions, constatée depuis quelques années. Ainsi, une spécialisation accrue des interventions est à l'œuvre, qui conduit certains organismes (caisse régionale d'assurance maladie, CAF) à se désengager de la polyvalence de secteur et d'autres à multiplier les services sociaux réservés à certains publics spécifiques : titulaires du revenu minimum d'insertion, du fonds de solidarité logement, personnes handicapées... A côté de cet « éclatement du service social », on assiste à un « débordement du champ éducatif [...]dont les frontières viennent désormais chevaucher, selon les cas, celles de l'hospitalisation, de la psychiatrie, de la gérontologie et de l'insertion professionnelle ». Ce déplacement des missions est à relier aux grandes tendances de l'évolution des populations suivies par les secteurs social et médico-social.
(1) Disp. au CREAI Ile-de-France : 5, place Victor-Hugo - 94270 Le Kremlin-Bicêtre - Tél. 01 43 90 04 05 - 35 F.