L'Observatoire international des prisons (OIT), inquiet de la hausse des suicides en prison (124 en 1999) (1), dévoile les conclusions d'un rapport alarmant du Comité national d'évaluation du programme de prévention du suicide en milieu carcéral (2). Remis en février 1999 au ministère de la Justice, il montre que la politique de prévention, lancée en 1997 sur 11 sites expérimentaux, reste mal appliquée. A commencer par la sensibilisation des surveillants : « diffuse et partielle ». « Tous les membres du personnel des sites n'ont pas été informés de la désignation de l'établissement comme site pilote », note le rapport. Même critique pour la formation : si 50 %des sites en ont organisé une, « seul un cercle restreint de personnel y a eu accès ». De manière générale, les personnels pénitentiaires semblent peu impliqués dans la prévention. Même dans les quartiers disciplinaires où une observation spécifique était préconisée, celle-ci se limite encore « aux comptes rendus d'incidents », hormis sur deux sites. Autre problème souligné :la « notion d'observation » qui « se confond dans les esprits, et dans les pratiques professionnelles, avec celle de surveillance ».
Aussi sévère est le bilan concernant la transmission d'informations sur l'état de santé des détenus entre l'autorité judiciaire et l'administration. C'est, explique le rapport d'évaluation, « un objectif qui n'a pas fait l'objet d'investissements » de la part des sites pilotes . Quant à la gestion de l' « après-suicide », elle apparaît, elle aussi, négligée : le traumatisme des personnels est « en général sous-estimé ». Comme celui du co-détenu, pour qui « le plus souvent, il n'est pas prévu de prise en charge psychologique particulière ».
(1) Voir ASH n° 2135 du 01-10-99
(2) Des extraits seront publiés dans sa revue Dedans Dehors à paraître le 17 janvier (30 F). OIT : 40, rue d'Hauteville - 75010 Paris - Tél. 01 47 70 47 01