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...Franck Jacob, sur le nouvel an des publics exclus

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Le centre d'hébergement et de réinsertion sociale (CHRS) La Talvere, de l'Association pour la recherche d'alternatives à l'exclusion (APRAE)   (1), s'apprête à fêter le passage au nouveau millénaire avec ses résidents. Sans angoisse ni enthousiasme particuliers, comme l'explique Franck Jacob, éducateur, l'un des deux travailleurs sociaux qui va assurer la permanence.

Comment avez-vous préparé cette entrée dans la nouvelle année ?

Comme les autres années. On a prévu de faire un repas au pavillon central suivi d'une soirée dansante avec les personnes hébergées restées au centre. Sachant que l'on s'attend à ce que les résidents

- des femmes avec enfants, des hommes seuls, toxicomanes ou non - cherchent, plus que d'habitude, à marquer le coup en passant cette nuit en famille ou avec des amis, à l'extérieur du centre. D'autant qu'à cette occasion, les transports collectifs sont gratuits dans la capitale et que de nombreuses animations y sont organisées.

Le passage à l'an 2000 est-il vécu avec une émotion particulière par les résidents ?

Non, l'ambiance est la même que les années passées. Mais, d'une façon générale, les fêtes de N oël et du nouvel an sont toujours des périodes chargées d'angoisse pour les publics en difficulté. Elles les renvoient à leur solitude, leurs problèmes familiaux et les amènent à dresser un bilan de l'année écoulée. A chaque fois, c'est un cap difficile et nous devons être vigilants. Beaucoup de résidents s'arrangent pour passer la nuit du réveillon ailleurs. Ceux qui restent, c'est qu'ils n'ont pas d'autre solution. D'où la difficulté pour eux, les jours précédents, de s'investir dans la préparation et l'organisation d'une fête. On l'a senti particulièrement cette année où le groupe des personnes hébergées est moins homogène qu'en 1998. Avec,  notamment, une forte présence de très jeunes femmes (moins de 25 ans) avec enfants .

Avez-vous néanmoins une quelconque appréhension pour cette dernière nuit du millénaire ?

Non, absolument pas. L'an 2000 ne suscite aucune inquiétude particulière chez les résidents du CHRS. Plus que par le nouveau millénaire, ils sont avant tout préoccupés par les problèmes du quotidien qui les submergent. C'est, pour cette jeune femme, le fait que son fils malade va être transféré de l'hôpital en pouponnière, ce qu'elle interprète comme un placement sous-jacent ; c'est, pour ce couple, avec un bébé, accueilli en urgence, l'angoisse de savoir où il sera hébergé demain ; c'est, pour ce ménage venu de Géorgie sans papiers, le casse-tête de la régularisation ou, encore, pour ce toxicomane, sous méthadone, le combat quotidien pour sortir de la dépendance... Ces personnes sont d'abord prises par leur histoire. Pour elles, l'an 2000 ce n'est pas la fin du monde, mais plutôt l'espoir que leur situation sera meilleure qu'en 1999.

Et, en tant que travailleur social, comment voyez-vous l'avenir ?

Même si l'on a davantage de moyens à notre disposition pour réinsérer les publics grâce aux structures d'insertion par l'économique, aux dispositifs d'accès au logement et aux différentes mesures pour l'emploi mis en place, les personnes reçues sont plus fragilisées ;leurs problèmes psychiatriques et psychologiques sont plus graves. Ce qui alourdit et allonge la d urée de notre travail d'accompagnement. Surtout, le plus dramatique, c'est que nous accueillons un nombre grandissant de jeunes. On peut déplorer qu'en entrant dans le nouveau millénaire, la situation des exclus soit aussi alarmant e.

Propos recueillis par Isabelle Sarazin

Notes

(1)  APRAE : 5, avenue Charles-Infroit - 93220 Gagny - Tél. 01 49 44 67 00.

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