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L'enfance en difficulté dans la France des années 40 ; l'exemple de Toulouse Saint-Simon

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 A partir du dépouillement d'archives et de nombreux témoignages, cette recherche nous plonge dans les premières années de l'Institut pédotechnique de Toulouse Saint-Simon. Cet établissement occupe une place de choix dans l'éducation spécialisée ; il s'agit de l'école d'éducateurs - toujours en activité - la plus ancienne et qui, dès l'origine, a réuni, au sein d'un même ensemble, un centre d'observation pour enfants en difficulté et un centre de formation du personnel éducatif. On ne saurait bien évidemment évoquer l'histoire de cet institut, sans resituer le contexte de l'époque. Comme le soulignent les auteurs, sans la guerre, ni l'exode, qui entraînent une forte augmentation des enfants orphelins, mais aussi sans l'idéologie tournée vers la famille défendue par le gouvernement de Vichy, l'établissement n'aurait jamais obtenu les très importantes sommes mises à sa disposition. De même, on ne peut expliquer l'originalité de la démarche sans s'intéresser à la personnalité et au charisme de ses initiateurs. Et c'est le mérite de cette recherche d'éclairer, notamment à partir de la mémoire de ceux qui l'ont connu, le tempérament de l'abbé Plaquevent, fondateur de l'institut, en 1941. Personnage quelque peu dérangeant, par l'emprise qu'il exerçait sur son entourage, mais qui avait le génie de la pédagogie. Dépeint comme « un inventeur, un explorateur, un fonceur », il avait mis en place un dispositif de formation très élaboré, tant dans ses contenus que dans ses modalités. Son œuvre fut poursuivie, à partir de 1947, par le docteur Chaurand. En raison de son statut et de son expérience, celui-ci donna une tonalité particulière au système de l'alternance et au rapport théorie/ pratique. On est ainsi passé d'un religieux très au fait des problèmes de l'enfance en difficulté à un médecin psychiatre cadre des hôpitaux psychiatriques, professionnel expérimenté. Un changement de profil qui n'est pas sans incidence sur les orientations. En effet, à l'époque de l'abbé Plaquevent, la rééducation est d'abord un sacerdoce. La période qui suit marque les débuts d'une professionnalisation, «  il s'agit d'un métier que l'on exerce avec d'autres questionnements, d'autres manières de travailler  ».

C'est, en tout cas, dans les murs de cet institut que furent inventées et expérimentées des théories et des techniques, notamment en matière d'observation. Très répandue à l'époque, celle-ci apparaissait comme le préalable impératif à toute rééducation. Et Jean Plaquevent adapta de façon audacieuse les principes architecturaux définis par Bentham, en mettant en place les « rotondes ». Système qui permettait de « voir sans être vu » à tout moment de la journée. Son objet n'était pas la surveillance des enfants mais l'observation, rappellent les auteurs. Sujettes à polémiques, ces rotondes sont révélatrices des conceptions sur l'éducation - et des dérives possibles -qui animaient le religieux. Les excès des pionniers ne sauraient pourtant faire oublier les lignes forces qu'ils ont su faire émerger. En ce sens, cet ouvrage propose un salutaire retour aux sources.

I.S. L'enfance en difficulté dans la France des années 40 ; l'exemple de Toulouse Saint-Simon  - Ed. érès -150 F.

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