Une étude sur l'euro chez les populations défavorisées

La perspective du passage à l'euro provoque-t-elle des inquiétudes particulières parmi les publics en difficulté (1)  ? La Commission européenne vient de publier une étude, réalisée dans le courant de l'année, sur « l'euro et les populations sensibles (personnes âgées et personnes en situation de précarité socio-économique) défavorisées en Europe » (2).

En France, les personnes âgées marquent une bonne compréhension de l'objectif poursuivi, l'euro étant une étape dans le processus de construction européenne. Contrairement à d'autres pays, la connaissance des dispositions essentielles du processus est assez bonne. Mais l'euro reste, pour beaucoup d'entre elles, « un univers de complexité et de contraintes ». Parmi les craintes soulevées, figurent l'illusion que les prix en euros paraissent peu élevés, les tromperies des commerçants ou les erreurs involontaires. En revanche, elles manifestent peu d'inquiétudes dans d'autres domaines : salaires, retraites, prestations sociales, loyers, etc.

Chez les personnes en situation de précarité, la situation est différente. « Défiantes a priori à l'égard de toute institution et de tout changement, et très centrées sur leurs propres difficultés, la perception du dessein est quasi absente, la confusion très grande devant un processus mal compris, l'anxiété dominante, la propension à se comporter “en laissés-pour-compte” forte. » « En dépit des difficultés qu'elles pressentent, les attitudes restent largement passives et attentistes » chez ces deux populations, notent les auteurs. Il y a de ce fait un risque très réel que la période de transition ne soit guère qu'une période d'attente et de report des problèmes à plus tard, au lieu d'être mise à profit pour « s'approprier » l'euro et pour se familiariser avec lui.