Les déclarations de Martine Aubry sur les placements d'enfants continuent de susciter de nombreux commentaires (1). Adoptant une position inverse de celle de la majorité des travailleurs sociaux qui se sont exprimés jusqu'ici, Jacques Ladsous (2), vice-président du CSTS estime, à titre personnel, que la déclaration de la ministre « ne fait que traduire une certaine vérité ». « Oui il y a des services d'AEMO qui préfèrent placer les enfants que de débrouiller les situations matérielles familiales[…] ; oui il y a des services où la plupart des choses se traitent au téléphone. Le nier serait ne pas vouloir voir la vérité en face », souligne-t-il. Néanmoins, les employeurs et les cadres, « qui acceptent plus de familles qu'ils ne peuvent réellement en traiter », sont les premiers responsables, poursuit Jacques Ladsous, dénonçant les normes quantitatives et la taylorisation du travail, au détriment d'une prise en charge globale des situations. S'il y a des départements où les coordinations sont efficaces, il en est d'autres « où les travailleurs sociaux s'épuisent à vouloir remplir leur service contre la mauvaise volonté de tous ».
L'analyse de la ministre de l'Emploi et de la Solidarité n'est que « partiellement juste », estime, de son côté, le mouvement Education et société (3). En effet, la critique s'adresse aux professionnels alors même qu'ils sont les premiers « à réinterroger le sens des missions qu'ils mènent et à remettre en cause ce rtaines options politiques et institutionnelles conduisant plus à une fonction “de guichet” qu'à une proximité de terrain avec les usagers ». Par ailleurs, ajoutent les responsables, elle ne tient pas compte de la responsabilité politique du gouvernement, certains propos ne faisant que « renforcer une attente sécuritaire et répressive d'une partie de la société ».
(1) Voir ASH n° 2143 du 26-11-99.
(2) 60, route des Garches - 92190 Meudon.
(3) Education et société - Siège social : 116, rue de la Classerie - 44400 Rezé - Tél. 02 40 75 44 55.