C'est presque un rituel. Comme chaque année, depuis maintenant trois ans, alors que les associations de chômeurs se mobilisent en fin d'année pour réclamer « un revenu décent », une augmentation de 1 500 F des minima sociaux, une meilleure indemnisation du chômage, un revenu pour les jeunes de moins de 25 ans et une allocation d'urgence de 3 000 F, la ministre de l'Emploi et de la Solidarité a annoncé, le 6 décembre, le contenu du « geste » du gouvernement (1).
Ces mesures, présentées à la veille de la manifestation nationale du 11 décembre (2), « sont loin des revendications portées par les associations de chômeurs et de précaires », ont aussitôt réagi, dans un communiqué commun, l'APEIS, AC! et le Mouve-ment national des chômeurs et des précaires. Jugeant comme « un simple effet d'annonce » l'augmentation du RMI et de l'allocation de solidarité spécifique, ils soulignent que seront exclus de la prime ceux qui perçoivent l'assurance chômage et les 500 000 jeunes chômeurs de moins de 25 ans « qui n'ont droit à rien ». Plus nuancées, la FNARS et ATD quart monde « saluent » toutefois le coup de pouce de 1,2 % donné au RMI et aux allocations de solidarité spécifique et d'insertion.
Néanmoins, et là toutes les organisations se rejoignent, ces réponses ne peuvent constituer qu'une première étape. « Nous sommes encore loin d'avoir rattrapé le seuil de pauvreté », déplorent les associations de solidarité qui redisent la nécessité de revaloriser les minima sociaux. Pas question de « se contenter de mesures cosmétiques », renchérissent les représentants des chômeurs, invitant également à « de réelles réformes qui s'attaquent à la précarité et à la misère ». Et parmi les priorités, défendues de façon unanime, la question des jeunes sans ressources.
Un sujet sur lequel revient d'ailleurs le Conseil national des politiques de lutte contre la pauvreté et l'exclusion sociale, dans deux avis, rendus le 8 décembre, sur la revalorisation des minima sociaux et les fonds d'aide aux jeunes (FAJ) en difficulté. S'il reconnaît « le caractère positif » des mesures annoncées par Martine Aubry, il rappelle néanmoins « la gravité particulière du problème des ressources des jeunes de moins 25 ans non bénéficiaires du RMI ». Et, plus particulièrement, dans le cadre du dispositif TRACE, le conseil souhaite que les comités départementaux de gestion du FAJ « assurent une garantie de continuité de ressources aux jeunes dans les périodes où ils ne disposent pas d'une rémunération issue d'un stage ou d'un contrat de travail ».
Des réactions qui relancent le débat récurrent autour de l'instauration d'une garantie de revenus pour les jeunes. Sachant que la secrétaire nationale à la Solidarité au PS, Marisol Touraine, dans un rapport consacré à la précarité examiné par les instances nationales le 8 décembre, prône la mise en place d'une allocation de formation pour les 18-25 ans les plus en difficulté. Mais « dont la logique est différente de celle d'un RMI-jeunes ».
(1) Voir ce numéro.
(2) Voir ASH n° 2142 du 19-11-99.