Alors que l'ensemble des organisations représentatives de l'aide à domicile et des personnes âgées s'étaient de nouveau mobilisées autour du livre blanc pour une prestation autonomie (1), Martine Aubry a été catégorique. Pas question de retirer aux conseils généraux la gestion de la prestation spécifique dépendance (PSD) pour en faire « un cinquième risque » assuré dans le cadre de la protection sociale. C'est ce qu'elle a réaffirmé avec force, le 30 novembre, lors de la clôture de l'année internationale des personnes âgées, même si elle reconnaît la nécessité de réfléchir « à une meilleure prise en compte de la charge » du financement de cette prestation. Si elle est donc, une fois encore, restée très ferme sur ce principe, la ministre de l'Emploi et de la Solidarité a néanmoins indiqué qu'elle avait chargé l'ancien ministre Jean-Pierre Sueur de mener une concertation avec l'ensemble des partenaires sur les améliorations à apporter à la PSD. En plus de prévoir un assouplissement des conditions de recours sur donation et sur succession (2), il devrait réfléchir à une différenciation de la prestation - et non plus seulement des montants -selon que la personne se trouve à domicile ou en établissement, pour tenir compte des coûts de la vie en institution. Et surtout, examiner les possibilités d'étendre la PSD, jusqu'ici limitée aux situations les plus lourdes, à tous les niveaux de dépendance.
Quant à la réforme de la tarification, qui suscite toujours de nombreuses inquiétudes, la ministre s'est bornée à indiquer qu'elle entendait « ajuster » certains paramètres et mutualiser une part des frais liés à la dépendance « dans les meilleurs délais » afin de permettre la signature, dès 2000, des conventions tripartites dans les établissements.
Mais au-delà de ces grands dossiers, Martine Aubry est revenue sur la nécessaire coordination des aides aux personnes âgées. Comme elle en avait déjà évoqué le principe (3), elle a annoncé la mise en place sur 25 sites expérimentaux, dès l'an 2000, de centres locaux d'information et de coordination (CLIC), sur la suggestion, d'ailleurs, de la députée Paulette Guinchard-Kunstler (4). Les appels à candidature devraient être prochainement lancés. Destinés, sans considération de revenus, aux personnes âgées menacées de perte d'autonomie et à leur famille, les CLIC seraient chargés d'informer les familles et d'élaborer les plans d'aide. Le seuil de population retenu pourrait être de 10 000 personnes âgées de 60 ans et plus en milieu rural et 15 000 en milieu urbain.
Plus globalement, et se faisant là aussi l'écho d'une demande largement consensuelle, la ministre a indiqué qu'une mission allait examiner les modalités de la mise en place d'un Institut national du vieillissement. Objectifs : accroître la connaissance du phénomène, améliorer la pertinence des politiques publiques et favoriser les recherches en ce domaine. La représentation des personnes âgées doit également être renforcée, a affirmé la ministre, souhaitant la création d'un organisme consultatif national unique, au statut « moins ambigu » que celui du Comité national des retraités et personnes âgées et « aux ambitions plus globales » que celles du Comité national de la coordination gérontologique.
Enfin, afin d'intégrer les conséquences du vieillissement dans la politique de santé, Martine Aubry a précisé que des volets spécifiques seront systématiquement définis dans les programmes de santé. Jean-François Girard, conseiller d'Etat, ancien directeur général de la santé, se voit notamment chargé de piloter la mission sur la maladie d'Alzheimer déjà annoncée (5).
(1) Voir ASH n° 2137 du 15-10-99.
(2) Voir ASH n° 2118 du 7-05-99.
(3) Voir ASH n° 2137 du 15-10-99.
(4) Voir ASH n° 2135 du 1-10-99 (5) Voir ASH n° 2143 du 26-11-99.