La journée mondiale contre le sida, le 1er décembre, a été l'occasion de rappeler que les efforts en matière de prévention ne doivent pas se relâcher, malgré les succès des nouveaux traitements.
Ainsi, certains groupes de population sont encore insuffisamment touchés par les politiques d'information et de prévention, à l'exemple des patients du milieu psychiatrique. Le groupe de travail, piloté par Christiane Charmasson, psychiatre et coordinatrice du comité sida de l'établissement public de santé de Ville-Evrard, à Neuilly-sur-Marne (1), a dévoilé les grandes lignes du rapport qu'il prépare sur ce sujet à l'intention de la division sida de la direction générale de la santé.
L'équipe souligne, à la fois, les disparités dans la mise en œuvre des politiques de prévention, « laissée le plus souvent à l'appréciation du chef de service », et « le sentiment de responsabilité du personnel [...] dans le rôle d'acteur de prévention ». Et ce, malgré ses difficultés à « mettre des mots sur la question des relations sexuelles » et son manque de formation sur la transmission du message de réduction des risques.
Le groupe de travail souhaite « inclure ce sujet de santé publique parmi les critères d'accréditation » des établissements et impliquer l'ensemble des acteurs, y compris le personnel médical, « en veillant aux risques de blocage induits par les résistances des hiérarchies institutionnelles ». Il encourage également l'intervention d'animateurs extérieurs dans un projet de service relatif à la prévention. Surtout, il évoque la nécessité d' « étudier [avec le ministère de l'Emploi et de la Solidarité] l'opportunité d'un cadre officiel à ces recommandations », sous la forme d'une circulaire. Ce rapport, issu d'une recherche-action de quatre ans, devrait être achevé à la fin du premier trimestre 2000.
Autre zone d'ombre en matière de prévention, la définition de stratégies adaptées aux publics défavorisés, comme le souligne l'Agence nationale de recherches sur le sida (ANRS), qui publie une évaluation des politiques de prévention menées en France depuis 1994 (2). « Leurs besoins [...] sont diversifiés et restent pour partie mal identifiés. Cela nuit à la construction d'actions préventives pertinentes qui, lorsqu'elles existent, ne trouvent pas toujours des relais suffisants », notent les auteurs.
La prévention en direction des jeunes semble également devoir se renforcer. Une enquête d'opinion, commandée par Sida info service (3) à la Sofres, sur l'évolution des comportements des 15-25 ans face à la maladie met en lumière, une fois encore, que « les jeunes, tout en ayant une perception assez réaliste de la gravité du sida, nourrie par une bonne information sur le sujet, se sentent personnellement peu exposés au risque ». Ce décalage a pour conséquence des comportements de prévention « à géométrie variable » et des prises de risques.
Ce sondage vient confirmer l'un des constats du rapport annuel de l'Onusida (4), le programme commun des Nations unies sur le VIH/sida. « Il est extrêmement préoccupant, indique l'organisation, de constater que l'arrivée des thérapies permettant de prolonger la survie pourrait bien avoir apporté un sentiment de fausse sécurité quant aux dangers du VIH et que ce sentiment pourrait entraîner une augmentation des comportements à risque. »
De fait, en Europe occidentale, les décès ont baissé, en 1999, « significativement moins » que l'année précédente. Dans le monde, cette année, 5,6 millions de personnes ont été infectées par le virus et 2,6 millions sont décédées du sida, soit « un total mondial supérieur à celui de n'importe laquelle des années écoulées depuis le début de l'épidémie ».
(1) EPS de Ville-Evrard : 202, av. Jean-Jaurès - 93332 Neuilly-sur-Marne cedex - Tél. 01 43 09 34 90.
(2) Evaluer la prévention de l'infection par le VIH en France - ANRS : 101, rue de Tolbiac - 75013 Paris - Tél. 01 53 94 60 00 - Diffusion gratuite.
(3) Sida info service : 190, bd de Charonne - 75020 Paris - Tél. 01 44 93 16 16.
(4) Onusida : 20, av. Appia - 1211 Genève 27 - Suisse - Tél. 00 41 22 791 46 51.