« Il y a clairement un vide entre la législation qui définit les différentes formes d'abus constituant une violence conjugale et l'enregistrement des données dans les statistiques officielles », dénonce un rapport du Lobby européen des femmes (LEF) au titre parlant : Dévoiler les données cachées sur la violence domestique dans l'Union européenne (1). Présenté dans le cadre de la campagne de sensibilisation sur la violence envers les femmes, organisée par la Commission européenne jusqu'au 10 décembre, il réalise une synthèse inédite des études et données existantes dans les pays de l'Union européenne.
Les chiffres recueillis, qui proviennent pour la plupart d'enquêtes d'instituts de recherches ou d'ONG, sont alarmants. Plus de la moitié des femmes auraient ainsi été victimes de violences ou de menaces physiques dans leur famille. Et environ une femme sur cinq aurait subi des violences physiques de la part d'un (ex-) partenaire masculin. Enfin, 14,5 % des femmes ont été agressées sexuellement par un membre de leur famille en Allemagne et 28,5 % au Portugal. Les études soulignent, en outre, que les auteurs de violences se répartissent dans toutes les catégories sociales.
Mais des problèmes de catégories empêchent souvent ces chiffres d'être intégrés dans les statistiques officielles. Restent alors les statistiques criminelles, qui ne reflètent que très approximativement la réalité au vu du faible taux de déclarations - estimé à 2 % -des violences conjugales. Ces données s'avèrent donc incomplètes et ne peuvent faire office de statistique globale, officielle et coordonnée au niveau européen, précise le LEF. Lequel appelle donc de ses vœux la collecte coordonnée des informations et propose, en conclusion de son rapport, une série de recommandations allant en ce sens.
« Disposer de statistiques ventilées par sexe est devenu une nécessité », souligne le lobby, qui demande également « la mise sur pied d'un modèle européen de recensement des cas de violence conjugale » et la « réalisation d'une grande enquête européenne » sur ce thème, du type de celle, pionnière, menée au Canada en 1993. Le lobby insiste, en outre, sur une série de thèmes qui mériteraient de faire l'objet de recherches nouvelles :analyse des services et des stratégies de prévention, conséquences de ces violences en matière de santé, coût économique... Autant de démarches qui « doivent permettre de mieux impliquer les responsables politiques » et « d'envisager des solutions ».
(1) Lobby européen des femmes (il regroupe des organisations féminines des 15 pays de l'Union européenne) : 18, rue Hydraulique - 1210 Bruxelles - Belgique - Tél. 00 32 2 217 90 20.