Suite à la circulaire du 24 juin 1997 (1), la situation sur le territoire français de 80 000 personnes étrangères a été régularisée. A la demande de la direction de la population et des migrations du ministère de l'Emploi, le Centre interdisciplinaire méditerrannéen d'études et de recherches en sciences sociales (Cimerss) a enquêté sur les besoins de suivi social de cette population (2).
Non rendue publique, cette étude a été réalisée dans le cadre de la procédure de réexamen des situations, lors des visites médicales à l'Office des migrations internationales. En amont de la question du suivi social, elle a notamment permis de souligner la situation, et donc la nature, extrêmement différente de cette population - régularisée essentiellement pour des motifs d'ordre familial - de celle régularisée en 1981, composée de travailleurs. Ainsi, 49,3 % des personnes concernées en 1997 sont des femmes et moins de 32 %occupent un emploi (contre 95 % en 1981). Autres caractéristiques : elles vivent davantage en couple, sont plus âgées et résident depuis davantage de temps en France qu'en 1981 (plus de 18 % depuis plus de dix ans). Concentrés en régions parisienne et PACA, la plupart de ces publics ont des enfants en France. Souvent mal logées (34 % demandent une aide au relogement), ces personnes connaissent l'existence des prestations familiales (60 %) et sont couvertes par la sécurité sociale (50 %). Enfin, la majorité a une bonne connaissance de la langue française.
Si l'enquête conclut à la « nécessité » d'un suivi social pour neuf personnes sur dix, surtout en matière de logement, de formation et d'emploi, elle plaide pour un accompagnement individualisé et adapté aux situa- tions familiales. Parmi les personnes vivant en couple, l'étude distingue trois groupes : les régularisés d'origine asiatique avec enfants « qui ne manifestent pas une grande difficulté d'intégration nécessitant un soutien important », ceux d'origine africaine avec enfants, « qui connaissent souvent une situation instable et attendent beaucoup des services sociaux » et ceux sans enfants, souvent maghrébins, maîtrisant mal le français, mais pouvant s'appuyer sur un conjoint bien intégré. Concernant les personnes vivant seules, les chercheurs notent aussi une grande diversité des situations (mariés vivant seuls en France, célibataires, étudiants, divorcés) et des types et degrés d'adaptation qui requièrent, là aussi, des suivis sociaux adaptés.
(1) Voir ASH n° 2029 du 27-06-97.
(2) Le suivi social des étrangers régularisés au titre de la circulaire du 24 juin 1997 - Juin 1999 - Ministère de l'Emploi et de la Solidarité - Cimerss : rue Fernand-Canabio - 13320 Bouc-Bel-Air - Tél. 04 42 22 99 81.