Au-delà du constat général d'une montée des situations de violences en milieu professionnel, le Conseil économique et social (CES) reconnaît, dans un avis rendu le 24 novembre (1), l'existence de risques spécifiques dans certains services publics : Education nationale, secteur sanitaire et social, ANPE et services des collectivités territoriales. Il donne ainsi une visibilité et une reconnaissance plus large à un phénomène dénoncé, depuis des années, par les travailleurs sociaux, mais jusque-là peu évoqué en dehors du champ sanitaire et social.
Selon le rapport, les personnels des hôpitaux, notamment les urgentistes, doivent, non seulement, faire face à l'intrusion de plus en plus fréquente de personnes étrangères à l'institution (bandes, voleurs), mais aussi au comportement agressif des usagers. Quant aux travailleurs sociaux, ils doivent répondre « aux difficultés croissantes de leur public » . De fait, certains d'entre eux « ont à connaître un public en grande détresse sociale et sont, à cet égard, confrontés à des situations proches de celles des urgentistes », estime le CES. Ils sont dans une situation « de plus en plus inconfortable et paradoxale (aide limitée par le grand nombre/contrôle social) ». Même si « l'idée qu'ils sont fatalement, pratiquement par vocation, exposés à la violence des usagers est largement répandue, les professionnels tendent à refuser ces situations », explique le CES. Prenant note de la forte demande de suivi statistique des violences, il déplore « le relatif isolement » des salariés victimes d'une agression.
Parmi les orientations prônées (soutien médico-psychologique et juridique, implication de l'entreprise), le CES milite pour que les agressions de ce type, physiques ou non, donnent systématiquement lieu à une déclaration d'accident du travail.
(1) Travail, violence et environnement - Rapport et avis présentés par Michel Debout - CES : 9, place d'Iéna - 75116 Paris - Tél. 01 44 43 60 00.