CMU : le plafonnement des soins accueilli sans surprise

En admettant, pour la première fois, dans sa lettre du 16 novembre adressée à Jean-Marie Spaeth, président de la caisse nationale d'assurance maladie (CNAM), la nécessité d'un plafond individuel pour la prise en charge des dépenses optiques et dentaires des bénéficiaires de la couverture maladie universelle (CMU)   (1), Martine Aubry n'a guère surpris le secteur associatif. Lequel imaginait mal, en effet, comment ceux-ci, dont la cotisation est assumée par l'Etat, auraient pu obtenir, notamment dans le domaine dentaire, des prestations supérieures à celles des autres assurés sociaux. La tendance serait même au soulagement, la ministre de l'Emploi et de la Solidarité ayant doublé, par rapport aux propositions formulées en octobre par la CNAM, les mutuelles et les assurances, le plafond de remboursement des soins dentaires.

Médecins du monde (2) regrette, cependant, que la fixation du panier de soins donne lieu à « des discussions de marchands de tapis ». « On prend le problème à l'envers », souligne Claude Moncorgé, vice-président de l'association. Selon lui, il aurait d'abord fallu définir, en se fondant sur une expertise médicale, une base de soins acceptable, « compatible avec le droit de chacun d'être soigné dans la dignité ». Et ensuite seulement, déterminer son coût et les moyens de la financer. « Là, on ne part pas d'une base médicale mais d'une logique comptable, qui peut amener à créer des soins de sous-qualité », constate-t-il. En outre, ajoute-t-il, « il aurait fallu rentrer dans le vif du sujet », en révisant de façon globale les modes de remboursement des prothèses dentaires et oculaires pour l'ensemble des assurés sociaux.

Du côté de Médecins sans frontières (MSF)   (3), on s'inquiète désormais de l'issue des négociations en cours entre la CNAM, les organismes complémentaires et les profession- nels de santé. Notamment ceux du secteur dentaire, très réticents à l'idée d'une tarification modérée. « S'il y a une telle unanimité des professionnels à refuser le principe des tarifs, où les bénéficiaires de la CMU vont-ils trouver un dentiste ? », s'interroge Noëlle Lasne, responsable des programmes France de MSF.