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...Nicole Prud'homme, sur la surcharge des CAF

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Confrontés à une demande sociale en forte progression, les 30 000 agents des caisses d'allocations familiales  (CAF) n'arrivent plus à faire face à leur charge de travail (1). La présidente de la caisse nationale attend désormais un geste de l'Etat pour les aider à remplir leur mission. Les explications de Nicole Prud'homme.

Quelle est aujourd'hui l'état d'esprit du personnel des CAF ? - Si des mesures ne sont pas prises rapidement, nous allons connaître une explosion, un « bogue social », au sein de nos caisses. Plusieurs raisons à cela. Tout d'abord, les sollicitations du public (visites, courriers, appels téléphoniques) augmentent actuellement au rythme de 7 à 8 % par an, deux fois plus vite qu'au début de la décennie. Cette progression est due au fait que les allocataires, dont le nombre est resté stable ces dernières années, se rendent davantage dans les caisses. Nous installons un observatoire pour essayer d'en comprendre vraiment les causes. Les premiers résultats sont attendus dans quelques mois. Mais d'ores et déjà, nous sommes conscients que nos allocataires, de plus en plus, se trouvent dans des situations fragiles (2) et ont besoin d'être rassurés. Ainsi, cet été, certains sont venus quatre fois au guichet, pour savoir si l'allocation de rentrée scolaire serait maintenue en 1999, si elle atteindrait le niveau de l'an dernier, si eux-mêmes étaient bien susceptibles d'en bénéficier et, enfin, pour demander si elle leur avait bien été versée ! Depuis le début des années 90, les visites ont augmenté de 50 %, les appels téléphoniques ont doublé. Autre élément contribuant à accroître la pression sur le personnel, la complexification de la législation. En 50 ans, nous sommes passés de 5 à 26 prestations, de quelques règles de droit à 15 000 aujourd'hui. Les dossiers sont de plus en plus longs à instruire. Enfin,  les agents espèrent beaucoup des 35 heures... et ils ne voient rien venir, les discussions au sein des organismes de sécurité sociale étant actuellement dans l'impasse. D'où un certain découragement. Qu'attendez-vous de l'Etat pour vous aider à répondre à cette situation ? - D'une part, la CNAF veut être davantage consultée, associée très en amont aux décisions qui la concernent. Nous souhaitons un dialogue plus fécond et mieux organisé. Nous réclamons également l'élaboration d'un calendrier de simplification administrative. Depuis plus de dix ans, tout le monde l'attend, il est temps de quitter le mode incantatoire pour passer à l'action. Enfin, nous avons souvent le sentiment d'être le seul service public de la précarité, une tâche que nous souhaitons davantage partager. L'ensemble des services publics doit s'atteler à ce problème : les centres communaux d'action sociale, les départements, les Assedic, les caisses primaires d'assurance maladie... Un exemple : pour obtenir un rendez-vous avec une assistante sociale en mairie, il faut souvent 15 jours ou trois semaines. Dans nos caisses, qui sont ouvertes tous les jours et proposent d'amples horaires d'ouverture, on trouve un interlocuteur presque tout de suite. Nous demandons que nos partenaires

- qui, certes, agissent déjà -répondent mieux aux attentes du public.

Ces évolutions permettraient aussi de recentrer la CNAF sur sa mission familiale... - Soyons clair. Il ne s'agit pas pour la CNAF de rejeter sa mission sociale. Mais de trouver un meilleur équilibre entre ses deux missions, familiale et sociale. Que d'autres partenaires nous aident à soutenir les personnes en difficulté, que la simplification des droits intervienne, et nous pourrons y parvenir. Propos recueillis par Céline Gargoly

Notes

(1)  Voir, notamment, sur les retards dans le traitement des dossiers et les files d'attente en Ile-de-France, cet été, ASH n° 2129 du 20-08-99 et n° 2133 du 17-09-99.

(2)  Six millions de personnes ont pour revenu unique des prestations versées par les CAF (RMI, AAH...).

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