« Il est d'usage de décrire les situations de précarité et de pauvreté comme le résultat d'un cumul de handicaps », rappelle le sociologue Stéphane Beaud. En étudiant le cas « du sauvetage social » d'une jeune précaire, il a délibérément pris le contre-pied de cette vision.
Sa recherche, présentée dans le dossier « Précarités et trajectoires » du dernier numéro de Travail et Emploi , la revue de la DARES (1), dessine, en creux, à travers une restitution minutieuse du récit de Farid, conseiller de mission locale, le portrait de Sabrina, que tout - jeune femme d'origine maghrébine, sortie d'école en fin de collège et habitant en cité HLM - prédisposait « à faire partie de l'ensemble des “stagiaires à vie” de la mission locale ». L'intérêt de cette étude n'est pas de présenter une histoire exemplaire mais plutôt de montrer le travail d'un conseiller, dans sa complexité, et ses hésitations. Il s'agit aussi de saisir les discontinuités et les ressorts du parcours d'insertion de Sabrina. On la suit depuis sa demande de contrat d'apprentissage jusqu'à l'obtention d'un contrat à durée indéterminée, via ses stages « évités » ou ratés et le règlement de problèmes de santé. Cette approche peu commune pose, à partir d'une « étude de cas », nombre de questions emblématiques sur l'insertion professionnelle des jeunes.
(1) Trois autres recherches du programme « Précarités, trajectoires et projets de vie », lancé en 1996 par la MIRE, la DARES et la CNAF, sont présentées dans ce numéro, notamment une étude sur l'évolution du rapport au travail en 20 ans - Travail et Emploi n° 80 - Septembre 1999 - DARES - La Documentation française - 95,11 F.