La tendance amorcée dans les années 60 se poursuit : de plus en plus de Français vivent seuls. Ils étaient 7,2 millions dans ce cas en 1998, soit 30 % des ménages, contre 26 % en 1990. Mais « vivre seul ne veut pas dire pour autant manquer de contacts avec l'extérieur », vient utilement rappeler une enquête de l'INSEE (1). Au contraire, les personnes vivant seules montrent une plus grande aptitude à nouer des relations avec leur entourage que les couples, dont la sociabilité est d'abord centrée sur le noyau familial.
Les ménages d'une personne apparaissent toutefois très hétérogènes. Ainsi, plus d'un tiers des veufs connaissent un « isolement relationnel », ce dernier étant établi, selon l'INSEE, lorsque la personne a, au plus, en une semaine, quatre interlocuteurs, hors contexte strictement professionnel et conversations téléphoniques. Alors que cette situation ne concerne que 14 % des célibataires, plus jeunes et plus diplômés. D'une façon générale, « l'isolement relationnel touche plus particulièrement les catégories sociales défavorisées, confirme l'étude. Ainsi, les personnes sans diplôme, les ouvriers, les chômeurs ont une probabilité significative d'être isolés. » A l'inverse des plus diplômés.
Autre notion introduite par les auteurs de l'enquête, le sentiment de solitude. Il semble que les relations entretenues avec l'entourage, tout en témoignant d'un certain degré d'insertion sociale, demeurent insuffisantes pour écarter ce sentiment, qui touche les célibataires, les divorcés ou les veufs deux fois plus fréquemment que le reste de la population. Tous n'en souffrent pas avec la même intensité. Néanmoins, ce sont les personnes vivant seules, « moins soutenues affectivement », qui se suicident le plus souvent et consomment le plus de psychotropes et d'alcool.
(1) « Vivre seul, sentiment de solitude et isolement relationnel » - INSEE Première n° 678 - Octobre 1999.