Comment réagissez-vous à l'idée d'élargir la notion de handicap aux personnes âgées dépendantes ? - Les signataires du livre blanc ont essayé de nous faire partager leur point de vue, le 16 septembre, lors du Comité d'entente des associations représentatives de personnes handicapées et de parents d'enfants handicapés. Nous leur avons indiqué nos réserves et, surtout, que nous n'étions pas prêts à adhérer à cette proposition sans discussion. Il faut bien voir que les personnes âgées, qui deviennent handicapées, ne sont pas les plus nombreuses. Le handicap touche d'abord des publics jeunes, qui doivent, seuls ou avec l'aide de leurs proches, construire un projet de vie, depuis l'école maternelle jusqu'à l'emploi, en englobant tous les aspects de la vie sociale. Or cette question ne se pose plus à la vieillesse. C'est donc terriblement réducteur de considérer, en raison de certaines analogies de situation, que les personnes, qu'elles soient âgées ou handicapées, doivent être traitées avec des moyens identiques et dans le même contexte administratif, financier et politique. De plus, rien ne nous dit que, si l'on rassemble ces publics dans un pot commun, on gardera le niveau de prestations que connaissent les personnes handicapées. Ne craignez-vous pas qu'on vous accuse de ne pas vouloir « partager » le gâteau financier réservé aux personnes handicapées ? - Les enjeux financiers sont réels et je n'en ai pas honte. En tant que personnes handicapées, nous avons bâti des projets de vie et obtenu des moyens en conséquence - toutefois encore insuffisants. Bien sûr, je déplore que ceux accordés aux allocataires du RMI ou aux personnes âgées dépendantes soient inférieurs aux nôtres. Mais faut-il tout partager ? Personne ne me paraît disposé à voir diminuer ses allocations pour voir augmenter celles des autres ! A la limite, dans certaines situations, je serais d'accord pour que les publics handicapés et âgés soient traités de la même façon, mais à condition que l'on s'aligne sur le niveau le plus haut. Je regrette d'ailleurs que, sur ces questions financières, le livre blanc ne soit pas très clair. Il n'a pas chiffré le coût de sa proposition. Or, on ne peut pas laisser croire qu'elle ne coûtera rien à la collectivité. D'autant, qu'au-delà des arguments financiers, je maintiens que la distinction entre personnes âgées dépendantes et handicapées se justifie tout à fait. Etes-vous d'accord sur l'autre suggestion visant à rendre les personnes handicapées et âgées dépendantes tributaires de la sécurité sociale ? - Là aussi, cela nous pose problème. Cette proposition est très débattue au sein du secteur du handicap. Certains sont des tenants, à tout prix, de la sécurité sociale. D'autres évoquent les risques de lourdeur d'un système tentaculaire et dangereux pour les personnes handicapées, puisqu'elles seraient noyées au milieu des autres publics. Mais nous n'avons pas encore arrêté de position commune. De même, sur l'ensemble du livre blanc, nous devons d'abord en discuter à l'APF, puis en parler dans le cadre du comité d'entente. Et tout cela va prendre un certain temps. Propos recueillis par Isabelle Sarazin
(1) Voir ASH n° 2137 du 15-10-99.
(2) Et, par ailleurs, vice-président du Conseil national consultatif des personnes handicapées - APF : 17, boulevard Auguste-Blanqui - 75013 Paris - Tél. 01 40 78 69 00.