Les statistiques officielles de la délinquance sont toujours sujettes à caution. Comptabilisant uniquement les crimes et délits constatés par la police et la gendarmerie, elles en disent finalement plus sur l'activité de ces services que sur la réalité sociologique de la délinquance. D'où l'intérêt de « l'enquête de victimation » menée par l'Institut des hautes études de la sécurité intérieure (IHESI) et l'INSEE, dont les premiers résultats ont été présentés le 22 octobre (1). Réalisée début 1999, auprès de 6 000 ménages, soit 11 000 individus, elle vise non pas à remplacer les données officielles, mais « à proposer une perspective complémentaire » sur la délinquance.
Les chiffres des infractions qu'elle avance révèlent, sans surprise, la part cachée de la délinquance. Ainsi, le nombre réel des cambriolages serait 2,4 fois supérieur au nombre enregistré par les forces de l'ordre et, sur les 4 167 000 cas de menaces subies, seules 683 000 ont été déclarées à la police (moins d'un sur six), qui n'en a enregistré que 63 000. Sachant, précise l'IHESI, que les atteintes aux biens sont plus souvent déclarées que les atteintes aux personnes. L'étude bat également en brèche certaines idées reçues. Ainsi, « on considérait que les victimes d'agressions étaient plutôt des hommes jeunes issus de milieux populaires ». Or, ce constat n'est en fait vérifié que pour les agressions physiques. Enfin, les chercheurs notent que les atteintes aux personnes retentissent le plus sur le sentiment d'insécurité. Lequel n'est pas nécessairement lié à la gravité des faits.
(1) Non encore disponible, l'étude, dans sa version intégrale, sera publiée, au cours du premier trimestre 2000, par l'IHESI : 19, rue Péclet - 75015 Paris - Tél. 01 53 68 20 30.