Que deviennent les personnes inscrites à l'ANPE ?C'est à cette question que tente de répondre une étude du ministère de l'Emploi (1), portant sur 8 000 chômeurs, tous inscrits à l'ANPE au printemps 1995 et résidant dans huit zones d'emploi situées dans les régions Nord-Pas-de-Calais, Ile-de-France et Provence-Alpes-Côte-d'Azur.
Le retour à l'emploi peut prendre plusieurs années. Trois mois après l'inscription au chômage, moins d'une personne sur quatre a retrouvé un travail et, après 33 mois, un tiers est toujours (ou à nouveau) à la recherche d'un emploi. Au-delà de ce bilan global, la DARES a regroupé les itinéraires individuels en six parcours types.
Dans le premier groupe, celui du chômage de longue durée (28 %), les personnes restent, à peu près de manière continue, au chômage pendant un an. Plus de la moitié va vivre un chômage ininterrompu de plus de deux ans, un bon tiers un chômage continu de 33 mois. A la fin de la période, relève l'étude, les contrats à durée indéterminée (CDI) ne forment qu'un tiers des emplois trouvés, tandis qu'un contrat sur cinq est aidé par l'Etat. C'est dans ce groupe que la proportion de titulaires du revenu minimum d'insertion est la plus élevée. Une personne sur deux n'a pas de diplôme ou a un diplôme de niveau inférieur à celui du CAP. Enfin, 23 % des enquêtés de ce groupe sont nés hors de France et peuvent, de ce fait, « connaître des difficultés spécifiques d'insertion dans l'emploi (discriminations à l'embauche, qualifications inadaptées) », précise la DARES.
Pour 22 % des personnes suivies, la trajectoire est, au contraire, celle d'une accession rapide à un emploi stable. Six mois après leur inscription à l'ANPE, les trois quarts de cette classe ont obtenu un emploi salarié ou démarré une activité indépendante un an après, c'est le cas de la quasi-totalité. La caractéristique dominante de ce groupe, note le ministère, est de « rassembler des chômeurs notablement plus jeunes et plus diplômés que la moyenne ».
Troisième itinéraire : une réinsertion lente et un chômage récurrent (29 %). Contrairement au groupe précédent, « la bascule progressive du chômage vers l'emploi » se caractérise ici par sa lenteur : seule la moitié des intéressés a retrouvé un emploi au bout de un an et ce mouvement se poursuit pendant les deux années suivantes à un rythme encore plus lent. En outre, la particularité de cette trajectoire tient à l'aspect réversible du processus : parmi ceux qui sont en emploi au 12e mois, un tiers n'y sera plus six mois plus tard. Par ses caractéristiques socio-démographiques comme par son profil de réinsertion en emploi, cette classe représente un intermédiaire entre les deux premières, explique la DARES.
D'autres trajectoires, plus atypiques, regroupent des personnes qui suivent une formation en attendant un emploi (11 %) ou sont aux marges du marché du travail (6 %). Pour ces dernières, tout se passe comme si la recherche d'emploi avait été interrompue, soit du fait de la maladie, soit par un projet hors du champ de l'emploi (études, service militaire, retour au foyer). Enfin, 4 % des personnes suivies déclarent exercer une activité, tout en continuant à se considérer comme chômeurs, en raison de la faible durée de leur activité et de la précarité des emplois occupés.
(1) DARES, Premières informations n° 37-1 - Septembre 1999.