Depuis le début de l'année, 100 détenus se sont donné la mort dans les prisons françaises, selon une évaluation de l'Observatoire international des prisons (OIP) (1). « Un chiffre terriblement inquiétant qui laisse penser que l'on atteindra un pic historique d'ici à la fin de l'année, [...] en dépassant le record de 1996 de 138 suicides », s'alarme Patrick Marest, délégué de l'OIP pour la France.
L'occasion, pour l'Observatoire, de réclamer, un peu plus fort encore, une réelle politique de prévention. Car, s'il est difficile, à l'intérieur comme à l'extérieur des murs, de connaître les causes du suicide, « on sait parfaitement qu'il existe certains lieux et moments de l'incarcération qui sont plus “à risque” que d'autres », explique Patrick Marest. Ce qui rend d'autant plus légitime l'exigence d'actions de prévention. Or la politique mise en place sur 11 sites expérimentaux en 1997, qui visait essentiellement à renforcer la surveillance, se révèle être un « échec complet ». Quant à « l'excellente circulaire » du 29 mai 1998 (2), qui vient pallier les lacunes de la politique, elle « n'est pas appliquée, et pas applicable en l'état actuel des moyens et de la culture pénitentiaire », estime-t-il.
Enfin, certains chiffres, au regard de ceux des suicides, interrogent sur les choix effectués jusqu'à présent. Il y a deux ans, on comptait trois surveillants et un travailleur social pour 100 détenus. Contre, cette année, 38 surveillants, mais toujours un seul travailleur social. En prison, le taux de suicide reste sept fois supérieur à celui de « l'extérieur ».
(1) OIP : 40, rue d'Hauteville - 75010 Paris - Tél. 01 47 70 47 01.
(2) Voir ASH n° 2082 du 28-08-98.