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...Mario Salvi, sur les centres de santé

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Passé inaperçu, le rapport de l'inspection générale des affaires sociales  (IGAS) sur les centres de santé, divulgué cet été, émet de vives réserves sur la spécificité de ces structures (1). Réaction de Mario Salvi, médecin directeur de la santé et de la prévention de la ville de Saint-Ouen (2).

Comment expliquer la très grande discrétion autour de ce rapport ? - Je crois qu'il n'y avait pas de volonté politique de faire paraître rapidement ce rapport. Mais nous avons tellement insisté que les pouvoirs publics ont fini par nous le donner du bout des doigts et sans qu'il y ait d'appréciation politique de son contenu. C'est pourquoi nous sommes quelques-uns à penser qu'il n'est pas du tout conforme à la lettre de mission. Alors que Martine Aubry et Bernard Kouchner avaient demandé une enquête sur le fonctionnement des centres de santé, les inspecteurs ont produit un document résultant davantage de leur propre appréciation que d'une vision objective de ces structures. Il y a eu un prisme déformant, visant à comparer la médecine libérale avec celle pratiquée en centre de santé. L'IGAS accuse notamment les centres de santé d'avoir perdu leur vocation sociale. - Je crois que les inspecteurs n'ont pas une franche représentation de ce qu'est le social dans notre société aujourd'hui. Les centres de santé n'ont pas forcément une clientèle spécifique. Mais là où ils sont implantés, ils ont une approche sociale et globale des personnes en abordant leur santé, mais aussi leur travail, leur logement, leurs conditions sociales. Une dimension qui a complètement échappé à la mission. Si l'accès aux soins est important, encore faut-il pouvoir faire valoir ce droit. Or, je crois quand même que nos structures facilitent cette expression par leur caractère non-marchand et leur travail d'équipe avec des personnels formés. Est-ce à dire que toutes les critiques sont injustifiées ? - Non, les rapporteurs ont vu juste sur la disparité des centres de santé. C'est vrai qu'il y a une grande diversité, même au sein de ceux gérés par des municipalités. C'est vrai aussi que nous avons des approches différentes sur le contenu des activités hors soins. Par ailleurs, la gestion n'est pas la même entre les centres associatifs, mutualistes et municipaux, ce qui tient d'ailleurs plus à l'histoire et aux structures qu'à une volonté de cacher la réalité. De même, le rapport a raison de relever le manque de critères objectifs d'évaluation de notre activité. Mais là encore, je pense que nos « tutelles », comme les CPAM et les DDASS, ne sont pas non plus armées pour évaluer ce que nous faisons. Qu'attendez-vous de ce rapport ? - Malheureusement, pas grand-chose de positif. Même s'il soulève des points réels, il est très orienté. Il suggère qu'il faut effectivement ne pas toucher aux centres de santé tels qu'ils existent, mais que si l'on pouvait les cantonner dans l'accueil des populations les plus défavorisées ou en difficulté, ce ne serait pas plus mal. De plus, il ne va pas dans le sens d'une reconnaissance des spécificités des centres de santé

- pourtant bien réelles -, notamment l'accès généralisé au tiers payant au premier franc. Un service qui a pourtant un coût et pour lequel nous aimerions une compensation financière.

Propos recueillis par I.S.

Notes

(1)  Voir ce numéro.

(2)  Il est également administrateur du Comité national de liaison des centres de santé - Centre municipal de santé Henri-Barbusse : 62, avenue Gabriel-Péri - 93400 Saint-Ouen - Tél. 01 49 45 68 90.

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