Les modes et les difficultés d'intégration de la jeunesse d'origine maghrébine sont fréquemment décrits et bien connus. Ceux des jeunes issus de familles d'Afrique subsaharienne le sont beaucoup moins. Une lacune que vient combler une récente étude menée par la direction de la population et des migrations (DPM) et dont le dernier numéro de la revue Migrations Etudes publie une synthèse (1).
A l'issue d'une enquête auprès d'une centaine de personnes de 13 à 25 ans et de monographies (Montreuil, Mantes-la-Jolie et Lyon), les auteurs sont plutôt optimistes sur leurs capacités d'intégration. Les jeunes d'origine africaine en ont d'ailleurs eux-mêmes une vision positive. Et ils adhèrent de plus en plus aux valeurs de la société française, remettant souvent en cause celles de leurs parents. Mais, à l'image de bon nombre de Maghrébins, ils sont écartelés entre deux mondes. En particulier, ils vivent mal les contradictions entre les attentes de leurs familles (souvent dans le sens de la soumission et de l'obéissance) et celles du milieu scolaire (autonomie, travail à la maison). Or, les pressions familiales sont plus lourdes dans les foyers originaires de la vallée du Sénégal, zone marquée par des migrations de main-d'œuvre importantes et des ménages de grande taille, regroupés de manière très concentrée dans certains quartiers de la région parisienne. Le caractère communautaire des comportements y est donc renforcé. En revanche, l'emprise des parents est moins forte dans les familles, souvent peu nombreuses, en provenance d'Afrique centrale et des zones côtières de l'Ouest.
Reste que le malaise engendré par ce conflit est parfois à l'origine « d'un renoncement à poursuivre la scolarité au-delà du collège et de la recherche d'une entrée précoce dans le monde du travail, le plus souvent à travers de petits emplois précaires ». Mais, d'une façon générale, les jeunes Africains participent pleinement à la culture générationnelle et adoptent les modes de vie des jeunes Français des milieux populaires, d'ailleurs « de plus en plus caractérisés par la diversité des origines », précisent les auteurs.
(1) « Modes de vie et intégration des enfants et des adolescents issus de familles africaines subsahariennes » - Migrations Etudes n° 88 - Juin 1999 - Disp. sur simple demande à l'Agence pour le développement des relations interculturelles (ADRI) : 4, rue René-Villermé - 75011 Paris - Tél. 01 40 09 69 19.