Si les recherches en sciences sociales sur le sida se sont multipliées, elles ont surtout privilégié une approche globale et généralisante, délaissant le plus souvent la dimension territoriale dans la compréhension des processus. Une omission réparée par Olivier Borraz, qui se place d'emblée sur le terrain local. A partir d'entretiens, complétés par l'étude des documents disponibles, le chercheur a enquêté sur les initiatives de lutte contre le sida menées, depuis le milieu de la décennie 1980, dans trois départements durement touchés par la maladie et présentant des profils géopolitiques variés : la Gironde, l'Hérault et le Val-d'Oise. Ces actions ne sauraient être réduites « au simple rang de déclinaisons de politiques nationales à l'échelle territoriale », mais témoignent de réelles capacités de mobilisation, défend le sociologue. Et celui-ci met en évidence les contestations dont sont notamment l'objet la prise en charge hospitalière et la prédominance de l'approche médicale du sida. Celles-ci s'apparentent à une « crise politique des fondements même du modèle curatif ». Néanmoins, ces critiques, qui demeurent localisées, n'ont pas réussi à remettre en cause, de façon plus générale, le rôle central de l'hôpital, souligne Olivier Borraz. Lequel relève en pa rticulier que, si les DDASS s'investissent à l'échelle de leurs départements pour promouvoir de nouvelles normes d'action, elles ne cherchent guère à exporter les solutions mises en œuvre. I.S.
Les politiques locales de lutte contre le sida -Olivier Borraz -Ed. L'Harmattan -170 F.