Quel est le programme de l'Observatoire ? - La principale mission de l'Observatoire est de réaliser, chaque année, en toute indépendance, un rapport sur les phénomènes de pauvreté et de lutte contre l'exclusion, qui sera publié et largement diffusé. C'est dans la perspective de ce premier document, prévu avant la fin de l'an 2000, que nous avons commencé à discuter des thèmes, encore très mal connus, sur lesquels pourraient porter nos études. Nous sommes ainsi surtout préoccupés par les difficultés rencontrées par les jeunes qui ne perçoivent pas le RMI et sont largement exclus de l'indemnisation du chômage. Nous avons évoqué également le surendettement et certains dysfonctionnements administratifs, comme les retards dans les versements de prestations et les renvois de guichet en guichet, qui peuvent entraîner les personnes dans des cycles d'exclusion et de pauvreté. Comment expliquer le manque de travaux sur ces sujets ? - Il y a deux problèmes. D'abord, l'appareil statistique et d'études a du mal à saisir ces phénomènes nouveaux. Par définition, il ne permet pas d'avoir une bonne connaissance des publics en difficulté, particulièrement des sans-abri. D'ailleurs, nous avons aussi comme mission de faire évoluer le système statistique, en collaboration avec les services d'études, qui ont déjà, il faut le reconnaître, beaucoup progressé sur ce point. Quant au second problème, il tient au fait que ces situations se modifient vite. Et il n'y a souvent que les acteurs de terrain qui peuvent percevoir ces transformations. Or, s'il existe des études sociologiques sur la pauvreté, il reste encore beaucoup à faire pour mieux les cibler, en fonction des changements que les associations nous signalent. On a le sentiment, justement, que les études sur la pauvreté prennent peu en compte l'expertise des acteurs de terrain, notamment des travailleurs sociaux ? - Vous avez tout à fait raison et l'une de nos préoccupations est bien de trouver les moyens de travailler en collaboration avec l'ensemble des acteurs de la lutte contre l'exclusion. Il est évident que les travailleurs sociaux, de par leur pratique quotidienne, peuvent nous éclairer sur la pauvreté et l'exclusion. A travers leurs expériences, ils sont susceptibles d'enrichir notre connaissance sur ces questions. Quels seront vos liens avec le pouvoir politique dans la prise de décision ? - Nous ne sommes pas chargés de faire des propositions. C'est le rôle du Conseil national des politiques de lutte contre la pauvreté et l'exclusion sociale, qui sera bientôt installé (2). J'assisterai à ses réunions, de même que son président sera présent aux nôtres. De cette façon, les travaux de l'Observatoire, qui seront connus de l'opinion publique par notre rapport annuel, doivent être pris en considération par le gouvernement. Les textes ont prévu les liens avec le pouvoir politique. A nous de les faire fonctionner ! Propos recueillis par Isabelle Sarazin
(1) Celui-ci, doté d'un mandat de trois ans, dispose d'un budget d'études de cinq millions de francs pour 1999 - Secrétariat général : DREES - 11, place des Cinq-Martyrs-du-Lycée-Buffon - 75696 Paris cedex 14 - E-mail :
(2) Celui-ci devrait être installé officiellement le 21 juin, voir ce numéro.