Le comité interministériel de lutte contre la drogue et la toxicomanie a rendu public, le 16 juin, son plan d'action triennal, pour les années 1999-2001. Il « ne propose pas de changer la loi, ni de modifier la hiérarchie des interdits », mais invite à concilier action répressive et impératifs de santé publique.
Déplorant que les pouvoirs publics ne disposent pas des outils de connaissance et d'évaluation nécessaires, ce plan de lutte contre la drogue et de prévention des dépendances vise, en premier lieu, à améliorer le dispositif d'observation, d'études et de recherche. Parmi les actions proposées : le développement de programmes de recherche et la mise en place, dans le cadre de l'Observatoire français des drogues et des toxicomanies, d'une évaluation des politiques publiques.
Deuxième axe de travail : une politique de communication et d'information, inscrite dans la durée. Elle se traduira, notamment, par une campagne de communication à destination du grand public, sur trois ans, avec des actions plus ciblées à destination des jeunes, des professionnels... Un site Internet sera ouvert en octobre prochain. En outre, le numéro vert Drogues info services (1) sera réorganisé et sa dénomination modifiée, pour répondre aux appels concernant l'usage excessif d'alcool, de médicaments psychoactifs ou de tabac.
De plus, l'application de la loi du 31 décembre 1970 concernant les usagers a été constamment marquée par une difficulté à conjuguer action répressive et impératifs de santé publique. La procédure judiciaire ne permet pas encore suffisamment une rencontre utile avec les médecins ou les travailleurs sociaux, regrette le comité interministériel. Aussi, le plan triennal prévoit une systématisation de la prévention en priorité chez les jeunes. Une série d'orientations seront prises pour réaffirmer les objectifs et les principes de la politique pénale à l'égard des usagers. Dans cet esprit, la ministre de la Justice invite, par circulaire, les procureurs de la République à éviter l'emprisonnement pour les usagers et à développer des réponses sanitaires et sociales à tous les stades de la procédure.
Une véritable politique de formation initiale et continue sera également mise en place. L'objectif, en particulier, est de former les professionnels non spécialisés qui se trouvent en relation avec des usagers de drogue, « en intégrant les problèmes posés par les consommateurs excessifs d'alcool ».
Enfin, le comité juge « urgent de réorienter le dispositif d'accueil et de soins vers une prise en charge plus précoce des consommateurs abusifs de multiples produits ». A ce titre, les structures sont invitées à se rapprocher, afin que, dans chaque département, les consommateurs en difficulté puissent trouver une offre de soins adaptée. Trois populations sont à privilégier : les parents toxicomanes et leurs enfants, les adolescents et les usagers incarcérés.
(1) Appel anonyme et gratuit 24h/24h : 0 800 23 13 13.