Quelle est la mission du corps médical auprès des plus démunis ? Comment améliorer la prise en charge sanitaire de ces derniers ? L'Ordre national des médecins s'est intéressé au « rôle du médecin face à la précarité ». Dans un rapport rendu public le 10 juin (1), ses auteurs insistent notamment sur l'importance de l'accueil, soulignant que ce premier pas n'est pas toujours simple à accomplir, tant pour « le malade impécunieux » que pour le praticien. Ce dernier peut être tenté d'orienter immédiatement son patient, dont l'état est « dérangeant » pour sa clientèle, vers une association ou une structure hospitalière. L'étude met également l'accent sur la démarche de prévention qui doit accompagner le traitement (conseils d'hygiène et de comportement), « notamment quand sont pressen- ties des conduites addictives ». Mais surtout, elle affirme le rôle de sentinelle des médecins. S'ils acceptent souvent de soigner gratuitement les personnes à l'évidence très démunies, il leur revient aussi de « décrypter la précarité », la misère étant « parfois plus difficile à détecter à l'intérieur des maisons » que dans la rue.
Afin d'améliorer la prise en charge de cette population, l'Ordre national des médecins formule plusieurs propositions, parmi lesquelles l'introduction, dans le cursus des études médicales, d'une formation initiale, obligatoire, car « soigner les plus démunis ne peut être facultatif ». Le document rappelle aussi l'urgence de mettre en place les permanences d'accès aux soins de santé (PASS) (2), prévues par la loi de juillet 1998 contre les exclusions. Ces structures doivent permettre de faciliter l'accès des plus démunis au système hospitalier. Se félicitant de la création de la couverture maladie universelle (CMU), qui « devrait régler une partie des problèmes d'impécuniosité, qui, dans certains secteurs sinistrés, sont parfois pénalisants pour les médecins », l'instance ordinale invite toutefois les praticiens à ne pas diminuer leur vigilance. En effet, les patients dont les revenus seront de peu supérieurs au seuil de 3 500 F « resteront au nombre des personnes en situation précaire », prévient-elle.
(1) Disponible à l'Ordre national des médecins : 180, bd Haussmann - 75389 Paris cedex 08 - Tél. 01 53 59 32 80.
(2) Voir ASH n° 2105 du 5-02-99.