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...Reda Sadki, sur la prévention du sida auprès des populations immigrées

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L'Institut de veille sanitaire (InVS) vient de publier la première étude épidémiologique approfondie sur l'impact du sida parmi les étrangers vivant en France (1). Ce travail fait apparaître d'importantes carences en matière de dépistage et de prise en charge de la séropositivité et de la maladie. Analyse avec Reda Sadki, coordinateur du réseau Migrants contre le sida (2).

A quels obstacles se heurte la prévention en direction des populations étrangères ? - Le principal frein réside dans les inégalités fondamentales sur lesquelles repose notre système de santé qui distingue les Français et les étrangers, ceux qui ont des papiers et ceux qui en sont dépourvus... Cette discrimination se traduit par l'insuffisance des moyens consacrés à une information ciblée pour cette population. Deux exemples : le Comité français d'éducation pour la santé ne consacre que 2,5 % de son budget annuel à des actions en direction des immigrés. Or un malade du sida sur cinq est étranger. Par ailleurs, on ne peut pas appeler le numéro vert Sida info service si l'on ne maîtrise que l'arabe ou une autre langue étrangère. Nous souhaitons donc rééquilibrer le discours, longtemps dominant, qui fait de la culture et des traditions, notamment celles des Maghrébins et des Africains, l'obstacle principal à la prévention. Trop réductrice, cette généralisation empêche une réelle discussion sur la propagation du sida parmi les immigrés. Pourtant le rapport de l'InVS souligne combien « les situations sociales, économiques, politiques et juridiques, dans lesquelles vivent les étrangers, constituent, en fait, les déterminants majeurs des comportements et des attitudes face à la maladie ». Quelles stratégies ont été mises en place pour combattre ces inégalités ? - A partir du milieu des années 80, dans les cités touchées par la drogue et la maladie, des réseaux informels d'entraide et de solidarité se sont créés pour faire face à l'épidémie dans la population étrangère, à une époque où les pouvoirs publics et les associations ne s'intéressaient pas à la question. Ces réseaux, dans lesquels Migrants contre le sida puise ses racines, sont peu à peu devenus visibles, des associations se sont constituées, portées par des personnes immigrées ou issues de l'immigration, malades ou proches de malades. Mais les travailleurs sociaux ont, également, joué un rôle important. Par exemple, en dénonçant chaque fois que possible les discriminations qu'ils constataient. Cela dit, ces derniers se trouvent dans une position inconfortable. Nous avons vu, en accompagnant des malades, des travailleurs sociaux effondrés devant l'impossibilité de trouver des solutions. Que préconisez-vous pour améliorer la situation des étrangers face au sida ? - Il importe de faire de la question du sida au sein de la population immigrée une urgence de santé publique et de débloquer des moyens adéquats. Ainsi, une campagne télévisée ciblée serait le vecteur de communication le plus efficace en direction des étrangers. Le message de prévention doit ressembler à la réalité du sida aujourd'hui ! Nous demandons l'égalité des moyens, mais aussi des droits face à la maladie. Sur ce point, la mise en place de la couverture maladie universelle, paradoxalement, nous inquiète. En effet, seuls les sans-papiers relèveront désormais de l'aide médicale de l'Etat. Cela risque d'instaurer un  « apartheid médical ». Propos recueillis par Céline Gargoly

Notes

(1)  Voir ce numéro.

(2)  Migrants contre le sida, créé en 1995, est un réseau d'associations et de personnes réunies autour de la défense des droits des malades immigrés : 70, rue de la Fraternité - 93170 Bagnolet - Tél. 01 42 41 07 70.

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