Les étrangers deux fois plus touchés par le sida

Au 30 juin 1998, 6 500 des 47 000 cas de sida déclarés en France depuis le début de l'épidémie (soit 14 %) concernaient des personnes de nationalité étrangère. Celles-ci apparaissent deux fois plus touchées par le sida que les Français, et même trois fois et demie pour la seule population féminine. Ces chiffres mettent en lumière l'inégal accès à l'information et à la prévention en fonction de la nationalité  (1). Ils sont issus de la première étude approfondie de l'Institut de veille sanitaire  (InVS) sur les spécificités socio-démographiques et cliniques des étrangers vivant en France et malades du sida (2). Le poids de l'épidémie varie selon les zones géographiques d'origine des malades, l'Afrique subsaharienne (2 000 cas) et l'Afrique du Nord (1 500 cas) payant les plus lourds tributs. Les modes de contamination diffèrent également. L'usage de drogues par voie intraveineuse constitue la première cause de contamination chez les Nord-Africains, tandis que la transmission hétérosexuelle est majoritaire chez les ressortissants de pays d'Afrique subsaharienne et les Haïtiens.

Au-delà des constats cliniques, le rapport fait surtout apparaître un accès plus difficile au dépistage et à la prise en charge thérapeuthique de la séropositivité. Parmi les cas de sida décelés en 1997, 56 % des étrangers ignoraient leur statut sérologique au moment du diagnostic, contre 38 % des sujets de nationalité française. Quant aux traitements antirétroviraux, 47 % des Français qui connais-saient leur séropositivité en ont bénéficié, contre 35 % seulement des étrangers. En revanche, au stade de la maladie, la prise en charge semble similaire. Toutes les données de l'étude proviennent des déclarations obligatoires, centralisées au niveau national par l'InVS, que remplissent les médecins constatant des cas de sida.