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Un rapport dénonce le flou de l'action publique envers l'illettrisme

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Dans un rapport, rendu public le 19 mai et effectué à la demande de Martine Aubry, ministre de l'Emploi et de la Solidarité, et de Nicole Péry, secrétaire d'Etat aux droits des femmes et à la formation professionnelle, Marie-Thérèse Geffroy, maire du Ve arrondissement de Lyon, dresse un constat sévère de la lutte contre l'illettrisme. Premier constat : la relativité et la diversité des définitions aussi bien que des mesures du phénomène expliquent les querelles autour du chiffre des illettrés en France. Néanmoins « ceux brandis par les uns et les autres nous semblent suffisamment convergents pour dire qu'il y a dans notre pays trop de gens que l'écrit exclut ou peut exclure parce qu'ils n'en maîtrisent pas assez l'usage », estime l'élue. Et c'est là où le bât blesse. Car malgré le foisonnement d'initiatives et d'engagements personnels, le système actuel souffre d'un « manque d'orientations claires, de coordination et d'exigences de résultats ».

Un système peu lisible

Première difficulté : le repérage des personnes qui ont souvent tendance à cacher ou nier leur problème. Celui-ci n'est pas systématique si ce n'est lors de la journée d'appel pour la défense, lors d'une prise en charge par la protection judiciaire de la jeunesse ou lors d'une détention. Il se fait à l'occasion de démarches de recherche d'emploi, de demandes d'aide sociale, de remise en cause de l'organisation du travail par des acteurs (missions locales, travailleurs sociaux, ANPE...) qui procèdent souvent de manière intuitive. En effet, ils ne disposent ni d'outils de repérage adéquats, ni d'une préparation pour aborder le problème avec les intéressés, ni d'un choix de solutions concrètes à leur proposer. Par ailleurs, l'offre de formation est inégale  : à côté de centres de formation qui semblent s'être dotés de réelles compétences ou d'entreprises et d'hôpitaux qui mènent des initiatives intéressantes, on trouve des formateurs mal préparés, peu rémunérés... Sachant qu'outre la difficulté d'avoir une vision d'ensemble de l'offre de formation, celle-ci souffre d'un système de financement complexe et fragile.

L'absence d'orientations politiques claires

Par ailleurs, alors que la résolution des problèmes d'illettrisme suppose la construction de parcours dans la durée, force est de constater l'absence de coordination des acteurs malgré l'existence de correspondants régionaux et départementaux du Groupe permanent de lutte contre l'illettrisme  (GPLI). Et c'est surtout sur ce dernier que portent les principales critiques de l'élue. S'il a en effet contribué à une prise de conscience du phénomène de l'illettrisme, cet organisme n'a guère été « porté par des orientations politiques très clairement déterminées » et n'a pas été suffisamment structuré pour pouvoir organiser correctement le recensement, la réponse aux besoins et l'évaluation des résultats obtenus « pour assurer une égalité des chances d'accès sur tout le territoire ». De même, la coordination interministérielle est restée un vœu pieu et la politique de recherche est demeurée coupée du terrain. Ce qui a conduit trop souvent les organismes de formation et les entreprises à s'épuiser dans une course aux financements...

D'où une série de recommandations pour donner corps à une politique de lutte contre l'illettrisme adaptée à l'ampleur de l'enjeu. A côté de l'organisation d'un réseau de diagnostic-orientation autour d'un noyau constitué par l'ANPE, l'AFPA, le dispositif RMI et les missions locales et PAIO et associant les autres structures d'accueil et organisations professionnelles et syndicales, Marie-Thérèse Geffroy préconise d'améliorer les réponses de formation. Elle suggère notamment l'élaboration d'un cahier des charges type, la professionnalisation des formateurs et la diffusion de l'offre de formation. Si elle souhaite également mieux articuler la formation continue avec l'école et mobiliser davantage les entreprises à la prévention, elle insiste sur la nécessité d'assurer la cohérence des dispositifs de financement en les coordonnant au travers d'une programmation annuelle régionale.

Réorganiser en profondeur le dispositif

Mais l'essentiel de la réflexion porte sur la refonte du dispositif. Il s'agit de « mettre l'action sociale et le service de proximité au centre du dispositif » en se dotant d'une organisation territorialisée. C'est ainsi qu'un chargé de mission auprès de chaque préfet de région serait chargé d'animer la politique de lutte contre l'illettrisme, de faire le lien entre le terrain et le niveau national et d'organiser la programmation régionale. Par ailleurs, un comité d'évaluation garantirait l'efficacité du dispositif. Enfin, le GPLI serait remplacé par une instance nationale de coordination et d'appui réunissant toutes les institutions concernées, chargée de définir et d'animer une politique nationale et de sensibiliser et communiquer sur les initiatives menées ou à mener auprès du grand public et des professionnels. Martine Aubry a demandé à Marie-Thérèse Geffroy « d'explorer la manière dont pourrait être mise en œuvre » la nouvelle structure.

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