Sur les 2,2 millions d'enfants de moins de 3 ans, 50 % sont gardés par un parent au foyer. Et dans plus de la moitié des cas, ce dernier perçoit l'allocation parentale d'éducation (APE). Sur les 1,1 million d'enfants dont les parents travaillent, 28 % sont accueillis par une nourrice agréée, 17 % en crèche, 4 % par une employée à domicile et 51 % par un autre moyen (solidarité familiale, nourrices non agrées...) ou sont scolarisés. Globalement, la caisse nationale des allocations familiales (CNAF) consacre 40 %de ses prestations familiales stricto sensu (84 milliards) à la petite enfance, a indiqué, le 18 mai, Philippe Steck, directeur des prestations familiales à la CNAF, lors de la présentation d'un état des lieux de l'accueil des jeunes enfants en France (1). On ne saurait bien évidemment ignorer que dans le choix du mode de garde, interviennent, au-delà des conceptions individuelles sur la socialisation de l'enfant, les critères d'offre mais aussi de calcul coût-avantage. Ce que met d'ailleurs en évidence le profil familial et social des familles. Ainsi, l'allocation parentale d'éducation est perçue majoritairement par des foyers de deux enfants dont le revenu moyen est de 11 444 F. Et ce mode d'accueil est surreprésenté parmi les femmes en situation précaire : un tiers des titulaires étaient au chômage avant l'APE. Le revenu moyen des familles passe à 14 500 F pour les crèches, à 16 744 F pour l'aide à la famille pour l'emploi d'une assistante maternelle agréée (AFEAMA) et à 31 658 F pour l'allocation de garde d'enfant à domicile (AGED). Sachant que, pour cette dernière prestation, la réduction de l'avantage fiscal a freiné la croissance des bénéficiaires qui, de 82 000 au 1er janvier 1998, devraient baisser à 72 000 à la fin de l'année. Ce qui résulte surtout du désengagement des familles ayant un seul enfant à charge.
De manière générale, on constate une amélioration de l'offre d'accueil des jeunes enfants durant ces dix dernières années :8 100 places supplémentaires en crèche, 40 000 familles bénéficiaires de l'AGED en plus et 110 000 enfants de moins de 3 ans nouvellement accueillis, depuis 1993. Néanmoins, ce développement n'a pas permis aux familles modestes d'avoir accès à l'AFEAMA ou à l'AGED. Leur choix reste limité à la crèche dans la mesure des places disponibles, à l'APE ou à « la débrouille ». Par ailleurs, les besoins sont loin d'être couverts sachant que 500 enfants de moins de 3 ans sont gardés hors de toute aide de la collectivité. Quant aux différentes prestations, « elles ont besoin d'être clarifiées, par exemple entre l'allocation parentale d'éducation et l'allocation pour jeune enfant », reconnaît Philippe Steck, évoquant encore la disparité des taux de prise en charge par la collectivité selon les modes de garde. Enfin, selon lui, réfléchir à la politique d'accueil du jeune enfant suppose également de s'interroger sur l'éventuel allongement de la durée du congé de maternité, voire son extension au père.
(1) CNAF : 23, rue Daviel - 75634 Paris cedex 13 - Tél. 01 45 65 52 52.