A l'origine de la démarche, un constat local effectué par l'équipe pédagogique de l'IFTS de la Croix-Rouge de Toulon et reflétant une réalité connue et observée un peu partout en France : depuis la décentralisation, la recherche d'un terrain de stage devient, pour les futurs assistants de service social, un véritable parcours du combattant. En réalisant un travail statistique sur l'offre de stages dans le Var, leur répartition et leur nature depuis dix ans, et en interrogeant par ailleurs, par questionnaire, les formateurs de stages dans les services, « nous avons voulu connaître les motifs d'arrêt d'offres de stages ainsi que les motifs d'intérêt à continuer », expliquent les formatrices, Marcelle Orsoni et Micheline Romagnan.
Le volet quantitatif de leur étude a globalement confirmé un état des lieux inquiétant ainsi que leurs hypothèses sur les raisons du malaise. C'est du côté des étudiants que se situe la première fragilité : précarisés, ceux-ci « restreignent l'aire géographique de recherche de stage ». Ce qui expliquerait en partie la forte concentration des stages dans l'aire toulonnaise (environ 80 %) pendant toute la période, au détriment du reste du département. En outre, les offres venant de la polyvalence sont en baisse régulière depuis dix ans dans le Var, même si la majorité (63 %) des terrains de stages est encore assurée par le secteur public. De fait, les services spécialisés ont de plus en plus pris le relais. Les restructurations importantes qu'elle a connues depuis la décentralisation et la mise en place du RMI seraient à l'origine du désengagement de la polyvalence. Et celles-ci, « en créant un malaise des professionnels », ont, selon les chercheuses, « démotivé certains à transmettre leur savoir ». D'ailleurs, le degré d'engagement et d'implication des formateurs de stages sur le terrain se révèle être une facette essentielle du problème. L'étude a ainsi mis au jour trois catégories de personnes : les formateurs de stages assidus (12 % qui ont proposé 37 % des stages), les intermittents ou bien les éphémères (n'ayant accueilli un stagiaire qu'une seule fois). Pourquoi ces derniers, qui sont la majorité, ont-ils abandonné après une première expérience ? Les motifs évoqués d'arrêt du tutorat sont avant tout liés au cadre institutionnel (restructuration, problèmes de locaux), devant les raisons personnelles et celles, très rares, tenant à l'étudiant lui-même. « L'absence de formation et la non-reconnaissance du statut » ou encore « les conditions insuffisantes de suivi offertes par l'école » arrivent aussi en bonne place parmi les causes citées.
Et si la plupart des tuteurs interrogés - ceux qui ont arrêté comme ceux qui poursuivent le tutorat - reconnaissent que le stage est une source d'enrichissement (ajustement des savoirs, stimulation, obligation de clarification...), 85 % demandent des changements afin d'améliorer ce temps de formation. L'écrasante majorité (88 %) souhaiterait une rencontre préalable avec l'étudiant et 60 % un contrat pédagogique tripartite et un partenariat renforcé avec l'école. Cette demande de « formalisation de la relation pédagogique » s'accompagne également de celle de reconnaissance institutionnelle à travers « un statut du formateur de stage » qui passe également par une compensation financière, une décharge de travail, ou l'attribution d'indices supplémentaires. La prise en compte de cette fonction pédagogique est d'ailleurs un des axes de travail que s'est donnée l'équipe de l'IFTS.
V.L.
(1) 14 mois de stage minimum pendant les trois ans de formation.
(2) Un temps de l'alternance : le stage en service social - Marcelle Orsoni, Micheline Romagnan - IFTS Croix-Rouge : 37, avenue Lazare-Carnot - BP 5510 - 83097 Toulon cedex - Tél. 04 94 91 93 81.