Pourquoi ce document ? - Le traité d'Amsterdam a élargi le mandat de l'Union européenne à la lutte contre l'exclusion sociale et la Commission européenne doit préparer des propositions qui devront être adoptées par le Conseil dans ce domaine. C'est dans ce cadre qu'elle a organisé une réunion de consultation, les 6 et 7 mai, à Bruxelles, à l'occasion de laquelle nous avons publié ce document. Nous demandons que les pays se fixent des objectifs communs pour réduire la pauvreté et qu'ils définissent une stratégie européenne de lutte contre l'exclusion sociale. Celle-ci pourrait se traduire par des lignes directrices qui pourraient ensuite être déclinées au niveau des Etats par des plans nationaux de lutte contre l'exclusion sociale. Nous nous sommes un peu inspirés de ce qui se fait sur le plan de l'emploi depuis le sommet européen extraordinaire des chefs d'Etat sur l'emploi qui s'est tenu en novembre 1997 à Luxembourg et qui a donné le départ d'une stratégie européenne contre le chômage et pour l'emploi. Nous souhaitons que la même chose se passe dans le domaine de l'exclusion avec la réunion d'un Conseil européen extraordinaire sur ce thème. En effet, aucun conseil de chefs d'Etat ne s'est encore préoccupé de la question de l'exclusion alors que c'est un problème majeur ! Quels sont les grands axes de cette stratégie ? - Ses lignes directrices devraient reposer sur trois piliers : la promotion de l'accès effectif de tous aux droits fondamentaux comme le droit au logement, à un revenu décent, à la santé... une action intégrée et multidimensionnelle aussi bien au niveau local que national et européen car la lutte contre l'exclusion doit être une priorité de toutes les politiques publiques et pas seulement de la politique sociale le partenariat entre les différents acteurs (publics et privés et aux différents niveaux géographiques) et la participation des populations concernées et des organisations au sein desquelles elles s'expriment. Bien entendu, ces lignes directrices doivent être mises en œuvre au niveau des Etats membres selon leur tradition et leur culture. On ne demande pas une homogénéisation des politiques. Concrètement, comment comptez-vous assurer la mise en œuvre de cette stratégie ? - Cette stratégie européenne de lutte contre l'exclusion sociale devrait être développée et évaluée par le biais d'un groupe de pilotage européen composé de représentants des institutions européennes, des syndicats, des employeurs, des ONG et des réseaux à même de représenter les intérêts des populations concernées. Nous demandons également l'instauration d'un Observatoire européen des politiques et pratiques de lutte contre la pauvreté et l'exclusion sociale. Ce qui n'est pas facile puisque cela suppose qu'il y ait déjà des observatoires aux niveaux nationaux et régionaux. Certains pays s'en sont dotés comme la France ou ont créé des structures assez proches : ainsi en Grande-Bretagne, une cellule exclusion sociale, installée auprès du Premier ministre, est chargée de faire un rapport annuel sur les actions menées pour faire avancer la lutte contre l'exclusion. Surtout ce que nous souhaitons, c'est que ces observatoires ne se contentent pas de dresser des rapports mais fassent participer tous les acteurs. Propos recueillis par I.S.
(1) Le Réseau européen des associations de lutte contre la pauvreté et l'exclusion sociale (EAPN) est une coalition indépendante d'associations et de groupes engagés dans la lutte contre la pauvreté et l'exclusion dans tous les Etats membres de l'Union européenne. Il est soutenu par la Commission européenne : rue Belliard 205 - Boîte 13 - B-1040 Bruxelles - Tél. 00 32 2 230 44 55.