Recevoir la newsletter

...Jean-Paul Péneau, sur la loi « exclusions », neuf mois après

Article réservé aux abonnés

Réclamée et très attendue par les associations, la loi contre les exclusions souffre maintenant de retards dans son application. D'où une certaine amertume au sein des associations. Etat des lieux avec Jean-Paul Péneau, directeur général de la FNARS (1).

On a le sentiment que vous êtes plutôt déçus ? - Ou plutôt très impatients. La mécanique d'application est en route, mais elle est encore incomplète et les acteurs de terrain sont déçus de ne pas en voir les effets immédiatement. Il nous faut donc à la fois expliquer qu'au-delà des textes, les progrès viendront de la société, mais aussi dire aux pouvoirs politiques, économiques et autres, qu'il leur faut aller plus vite. Et notamment qu'il est indispensable de sortir les textes d'application qui manquent. Par exemple, si ceux concernant l'insertion par l'activité économique sont majoritairement publiés, le décret sur les structures mixtes (d'utilité sociale et marchande) est encore en gestation. De même, on attend toujours le décret sur les centres d'hébergement et de réinsertion sociale[CHRS], véritable révolution culturelle en ce qu'il reconnaît l'élargissement de leurs missions à la réinsertion sociale et professionnelle et à l'insertion par l'économique. Mais visiblement, il y a des résistances du côté du ministère à prendre ce virage, pourtant vital pour notre réseau pour concrétiser les avancées de la loi. Si vous voulez, hormis quelques faux pas comme le programme TRACE, qui n'est ni adapté aux publics les plus en difficulté, ni à la hauteur des besoins, la loi contre les exclusions est un bon texte. Seulement, il reste encore la moitié du chemin à faire. La bouteille n'est encore qu'à moitié pleine. La volonté gouvernementale est-elle à la hauteur des enjeux ? - Il y a actuellement d'autres textes et d'autres mesures budgétaires qui sont sur le devant de la scène. Et la marge financière dont dispose le gouvernement est utilisée à d'autres fins, parfois complémentaires comme le chômage ou la santé, mais parfois très différentes. Manifestement, la lutte contre les exclusions n'est plus une priorité budgétaire qu'il s'agisse de la justice, du secteur social ou du logement. Pour ne prendre que l'exemple des CHRS, la loi nous donne, et c'est très bien, une obligation d'accueillir les familles sans les séparer. Mais cela suppose de transformer des studios ou des dortoirs en appartements. Or nous n'avons eu aucuns moyens supplémentaires, en dehors de ce qui était déjà prévu, pour faire face à cette nouvelle obligation. Résultat, la loi ne pourra pas être appliquée partout. Vous déplorez donc le manque de moyens ? - Oui, les moyens financiers

- que nous évaluons à 1,5 milliard - mais aussi humains. Et l'absence de volonté politique. Si l'on regarde par exemple la question du Kosovo, le gouvernement et bien d'autres institutions se mobilisent, informent et en font une priorité réelle. Pour la lutte contre les exclusions, on voit l'ANPE s'investir, et c'est une heureuse nouveauté, mais on ne voit pas les CAF ou les caisses de sécurité sociale. Bon nombre d'acteurs ne sont pas formés et ne reçoivent pas les moyens pour se coordonner, qu'il s'agisse de l'urgence ou de l'insertion. On fait des textes, correctement dans la plupart des cas, mais on ne sensibilise pas l'ensemble des agents pour les expliquer et les mettre en œuvre. Ainsi, quel Français sait aujourd'hui qu'en matière d'expulsion il existe des mécanismes nouveaux et très efficaces sur le papier ? Et qu'il a des outils pour se défendre ?La lutte contre les exclusions n'est pas devenue une dynamique de la société française. Ainsi, l'accès au logement social ne s'améliore pas. Les communes fermées à celui-ci restent fermées. Quant aux quartiers surchargés par ce type de logements, ils ne sont pas plus aidés que les autres. Et de ce point de vue, la déception est grande sur le terrain.

Propos recueillis par I.S.

Notes

(1)  FNARS : 76,  rue du Faubourg-Saint-Denis - 75010 Paris - Tél. 01 45 23 39 09.

Questions à...

S'abonner
Div qui contient le message d'alerte
Se connecter

Identifiez-vous

Champ obligatoire Mot de passe obligatoire
Mot de passe oublié

Vous êtes abonné, mais vous n'avez pas vos identifiants pour le site ?

Contactez le service client 01.40.05.23.15

par mail

Recruteurs

Rendez-vous sur votre espace recruteur.

Espace recruteur