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Les paradoxes du travail social

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S'il est un mérite de Michel Autès, à travers tous ses ouvrages, c'est bien de tenter de cerner et de conceptualiser les ressorts et mécanismes complexes de cet objet « célèbre et méconnu » du travail social. Et de rendre compte de son alchimie mystérieuse en insistant sur sa dimension symbolique, liée à sa fonction de retissage du lien social et de reconquête de la citoyenneté avec les publics en souffrance. Aussi, s'il y a malaise au sein des professions sociales, celui-ci est d'abord inhérent à la position particulière du travail social qui est un « entre-deux » entre les individus et institutions, tiraillé sans cesse entre l'émancipation et la réparation, l'action sociale et l'assistance. Et c'est de ce paradoxe permanent et de cette fragilité que le travail social tire son efficacité, défend Michel Autès, invitant les professionnels à accepter justement cette position inconfortable « d'être sans lieu, sans pouvoir, sans identité ». Cette double référence sert ici de fil rouge à toute la démonstration du sociologue (voir son interview, ASH nº 2116 du 23-04-99). Celui-ci explique en effet comment elle a permis au travail social d'atteindre une certaine apogée vers le milieu des années 70 pour se trouver actuellement en porte-à-faux. En effet, la montée de la pauvreté et de l'exclusion et le retrait de l'Etat social témoigneraient de « la genèse d'une nouvelle forme du social »   : un social centré sur l'insertion qui, à travers la gestion hyperindividualisée des parcours, viendrait prendre la place de l'assistance au nom des valeurs de la société du travail. Dans un tel contexte, où l'auteur voit la dissolution du social dans l'Etat libéral, seule la partie gestionnaire du travail social serait ainsi valorisée au détriment de son côté préventif et promotionnel. C'est contre cette instrumentalisation de la pratique ramenée au rang d'une simple relation de service que s'insurge Michel Autès, rejoignant en cela les nombreuses critiques des professionnels. Et alors que certains voudraient voir dans la crise actuelle la preuve de l'obsolescence des compétences des professionnels, l'auteur appelle justement à revenir à ce qui en constitue l'essentiel, rappelant qu'au-delà de son aspect technique, les effets du travail social « sont avant tout de nature symbolique et ses prestations sont des prestations identitaires ». Mais encore faut-il que la société accepte « la part d'illégitimité » que comporte le travail social, cet espace d'autonomie « à la fois pathétique et tristement banal, où peut s'accueillir toute souffrance, toute parole perdue et toutes les déshérences nées des ruptures du lien social ». I.S.

Les paradoxes du travail social  - Michel Autès -Ed. Dunod - 165 F.

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