Quel bilan tirez-vous de ces dix années ? - Il est globalement positif dans la mesure où, sans aucun soutien financier, le réseau a réussi, grâce à la motivation de bénévoles, à tenir des réunions régulières et à produire des recherches qui ont été publiées. Alors que nous étions partis avec l'envie de créer un espace afin d'élaborer, de confronter les problématiques du travail social, et aussi d'échanger des informations sur les articles, les thèses, les ouvrages, les colloques sur la question, nous rassemblons aujourd'hui plus de 200 personnes (historiens, sociologues, travailleurs sociaux en activité ou à la retraite...). Nous avons également noué des partenariats avec d'autres associations d'histoire, ce qui nous permet de connaître les recherches des uns et des autres et, le cas échéant, de travailler ensemble. En dépit de ces résultats très positifs, nous souffrons d'une absence de moyens et, de fait, d'un manque de temps. Une autre difficulté porte sur le faible nombre d'étudiants historiens intéressés par le travail social. Nous les informons de nos activités, mais ces sujets, manifestement jugés moins nobles ou moins visibles, sont complètement délaissés. Le travail social reste encore une « petite histoire » qui, pour l'instant, motive davantage les professionnels qui s'engagent dans une thèse que les étudiants en histoire. C'est d'autant plus dommage que nous pourrions, avec leur aide, faire des recherches beaucoup plus fouillées. En dix ans, avez-vous vu évoluer les demandes vis-à-vis du réseau ? - Oui. Nous avons surtout suscité beaucoup d'attentes auxquelles nous ne sommes d'ailleurs pas toujours en mesure de répondre. Ainsi les personnes qui souhaitent approfondir un point de l'histoire du travail social nous contactent et sont souvent très étonnées de découvrir que nous ne pouvons pas les renseigner. Nous avons, par exemple, des demandes concernant l'histoire du service social des armées ou alors au sujet de telle assistante sociale qui a longtemps exercé en Amérique latine... Comme nous n'avons pas les moyens de travailler sur des points aussi précis, nous leur expliquons que le réseau n'est composé que de volontaires. Mais qu'ils peuvent, s'ils le souhaitent, nous rejoindre et mener la recherche qui les intéresse au sein de l'un de nos groupes de travail. Comment avez-vous choisi les thèmes sur lesquels vous avez travaillé jusqu'à présent ? - Alors que certaines associations s'étaient déjà intéressées à l'éducation surveillée ou spécialisée, nous nous sommes, nous, concentrés sur les assistantes sociales, sujet sur lequel il n'existait quasiment rien. Nous avons fait des recherches sur les pionnières parce que nous souhaitions vérifier, notamment, s'il existait un lien entre féminisme et travail social... Nous nous sommes ensuite focalisés sur les formations dont l'histoire marque encore aujourd'hui énormément l'ensemble du secteur social. Nous envisageons, actuellement, d'explorer le service social des enfants pendant la guerre et les associations professionnelles des travailleurs sociaux au début du siècle. Enfin, nous espérons, également, poursuivre nos deux réunions annuelles où nous faisons, à chaque fois, intervenir un historien ou un travailleur social engagé dans une recherche historique... Propos recueillis par N.M.
(1) Les 15 et 16 avril au Cedias : 5, rue Las Cases - 75007 Paris - Tél. 01 45 51 66 10.