15 000 personnes âgées, handicapées ou malades mentales sont hébergées par des familles d'accueil. Ce mode de garde qui pourrait constituer une réponse appropriée à l'accroissement du nombre d'adultes dépendants reste pourtant un objet social méconnu. Et mal reconnu. Directeur de l'Institut de formation, de recherche et d'évaluation des pratiques médico-sociales (IFREP), Jean-Claude Cébula, psychologue clinicien, entreprend ici de le réhabiliter à sa juste valeur en s'attardant à la fois sur les multiples facettes de cette prise en charge atypique, mais aussi en pointant ses avantages et ses limites. Revenant sur le dispositif juridique, il déplore que la loi du 10 juillet 1989 relative à l'accueil par des particuliers, à leur domicile, à titre onéreux, des personnes âgées ou handicapées, ait été élaborée davantage dans le but de mettre un terme à certaines dérives plutôt que dans l'idée d'inventer une nouvelle pratique sociale. Dans la foulée, il dénonce aussi le statut hybride réservé, à l'heure actuelle, aux accueillants (leur activité est rémunérée mais ne leur donne pas accès aux droits et avantages des salariés) : « Cette solution bâtarde a été retenue afin de minimiser les coûts de l'accueil familial, désigner un réel employeur des familles d'accueil aurait impliqué des bases de rémunération plus réalistes, des cotisations sociales et surtout des dispositions concrètes en matière de repos et de cessation d'activité (comme c'est le cas pour les assistantes maternelles). »
S'attardant ensuite sur le contenu de ce travail sans modèle de référence, Jean-Claude Cébula précise que si l'accueil d'un enfant fait appel à des représentations maternantes et à des images parentales structurantes, la prise en charge d'un adulte suppose, elle, que les familles soient capables d'élaborer de nouveaux modes de fonctionnement. Qu'elles puissent mélanger à la fois des approches hôtelières, soignantes, maternantes et éducatives. Si l'accueil familial peut se révéler très bénéfique lorsqu'il repose sur des échanges de qualité, des processus d'identification et un sentiment d'appartenance, il peut aussi, à l'inverse, déboucher sur des échecs. Notamment lorsque des motivations exclusivement financières prennent le pas sur la dimension humaine. Ou lorsque les familles sont confrontées à des situations physiquement ou psychiquement trop lourdes. D'où la nécessité, selon l'auteur, d'instaurer des aides en matière de suivi et d'accompagnement. Et aussi de mettre la formation davantage en adéquation avec les besoins des accueillants. Autant d'orientations indispensables pour réussir à construire « un vrai métier ».
L'accueil familial des adultes - Jean-Claude Cébula - Ed. Dunod - 135 F.